A quelques semaines des états généraux de l'alimentation convoqués par le président, Emmanuel Macron, les producteurs de lait ont recours à l'action syndicale car "ils vivent une crise dure depuis 30 mois et les prix du lait ne couvrent pas les coûts de production", a expliqué à l'AFP Christiane Lambert, présidente de la FNSEA, principal syndicat agricole français.
"Le prix du lait remonte partout en Europe sauf chez nous, comme le prix du beurre", dont le cours mondial est passé de 1.800 euros la tonne il y a deux ans à 5.400 euros, a déclaré le président de la FDSEA de Haute-Saône, Emmanuel Aebicher, lors d'une action coup de poing lundi soir devant une entreprise de la coopérative laitière Sodiaal.
D'autres actions de protestation se sont déroulées mardi dans la région ouest, du Finistère à la banlieue de Rennes, les producteurs laitiers bloquant notamment plusieurs coopératives, dont Agrial et Laïta.
"Nous demandons la revalorisation du prix du lait de 30/40 euros les 1.000 litres", alors que le lait est acheté par les coopératives en moyenne 305 euros les 1.000 litres actuellement, a précisé Florian Salmon, président des Jeunes Agriculteurs d'Ille-et-Vilaine.
A l'issue d'une rencontre avec des représentants de la Fédération nationale des producteurs laitiers (FNPL) mardi soir, le ministre de l'Agriculture, Jacques Mézard, a estimé que les prix du lait n'étaient à l'heure actuelle "pas à un niveau suffisant".
Il a ajouté que "la question du prix payé, du juste prix, sera traitée en priorité" lors des états généraux de l'alimentation, tout en rappelant qu'il ne lui appartenait pas de se prononcer sur le niveau de prix adéquat.
"L'objectif, pour nous aujourd'hui, c'est de comprendre si notre vrai relais que doit être la coopération est capable de ramener du prix au producteur de lait car, depuis quasiment deux ans et demi, nous sommes dans une crise importante", avait avant cette rencontre déclaré Thierry Roquefeuil, président de la FNPL, lors d'une action symbolique dans un supermarché du groupe Système U à Paris.
"Je m'étonne de ce ciblage sur les coopératives qui sont des entreprises appartenant à leurs producteurs et qui, par leur gouvernance spécifique, leur permettent de venir discuter de manière constructive et pas devant les grilles", a pour sa part indiqué le président de la Fédération des coopératives laitières (FNCL), Dominique Chargé.
La loi LME dans le viseur
"La hausse du prix du beurre a permis d'augmenter les prix de 10%, mais pas à des niveaux attendus par les producteurs", explique-t-il car les 350.000 tonnes de poudre de lait stockés au niveau européen "pèsent aujourd'hui sur la remontée des cours".
Mais, pour lui, le principal problème reste "la relation avec nos clients, notamment avec la distribution, qui ne veulent pas accepter de hausse sur les produits de marque distributeur".
De son côté, le patron de Système U, Serge Papin, était au côté des éleveurs à Paris assurant "militer pour que nous passions des accords de filière et qu'on observe mieux ce qu'on appelle le partage de la valeur. Aujourd'hui, les négociations (avec les transformateurs) sont dans le rapport de force et se retournent contre le producteur qui devient la variable d'ajustement".
"Il faut modifier la loi LME (qui régit les négociations commerciales entre distributeurs et industriels)", a encore clamé M. Papin, dénonçant "la loi du plus fort".
C'est le seul point sur lequel tout le monde s'accorde.
Ainsi, le président des coopératives laitières assure que son syndicat "a fait des propositions pour une refondation totale des lois qui encadrent le commerce, notamment la LME, pour qu'on sorte de cette logique de spirale déflationniste qui a détruit énormément de valeur depuis 10 ans et condamné beaucoup d'entreprises et d'exploitations".
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