Tous deux affirment ne rien avoir à voir avec les milliers de Russes, dont une grande part de lycéens et étudiants, qui sont descendus sur la principale avenue de Moscou pour défier l'interdiction des autorités. Mais ces deux étudiants ont malgré tout été happés par les très expéditifs policiers antiémeute.
Roman, 19 ans, affirme qu'il se promenait simplement avec ses amis en ce jour férié sur l'avenue Tverskaïa lorsque la police l'a embarqué. "C'était un jour de fête, il y avait des foules de promeneurs dans Moscou. Il y avait trop de monde. Je voulais descendre dans le métro", raconte-t-il à l'AFP dans les couloirs du tribunal, dans l'attente de son procès.
"C'est à ce moment là que cinq policiers m'ont saisi, m'ont passé les menottes et m'ont frappé dans le ventre. J'ai crié : +qu'est ce que vous faites ? Qu'est ce qu'il se passe ?+. Un policier m'a alors frappé au foie avec sa matraque et m'a dit de la fermer", poursuit le jeune homme.
Roman est embarqué dans un fourgon avec 20 autres personnes. Il passera cinq heures au poste avant d'être relâché et inculpé pour refus d'obtempérer lors de son arrestation.
"Les policiers marchaient par groupe de 5-6 personnes et choisissaient des personnes à arrêter au hasard. Il y avait plein de monde avec des drapeaux russes. C'était le jour de la Russie, on avait le droit de se trouver dehors", dénonce-t-il.
Amende ou détention
Mikhaïl, lui, a été moins chanceux : il a passé la nuit au poste. Ses traits sont tirés, ses cheveux ébouriffés. Lui aussi a été arrêté avec un ami sur l'avenue Tverskaïa, qu'il avait rejoint pour assister aux reconstitutions historiques qui devaient s'y dérouler à l'occasion du Jour de la Russie.
"Des gens casqués et équipés de gilets pare-balles sont sortis de nulle part. Ils ont coupé la foule en deux. On s'est retrouvés dans le cordon, on ne pouvait plus sortir", explique l'étudiant de 22 ans. "J'ai sorti mon téléphone et commencé à filmer. Je ne criais aucun slogan. C'est là qu'ils m'ont attrapé", poursuit le jeune homme.
Ce n'est pourtant pas la première fois que Mikhaïl tombe entre les mains de la police antiémeute. Le 26 mars, lors d'une première manifestation anticorruption non autorisée dans les rues de Moscou, il avait été détenu alors qu'il se trouvait dans un café du centre.
Il affirme néanmoins ne pas être partisan de l'opposant Alexeï Navalny, à l'origine de ces deux manifestations et qui compte défier Vladimir Poutine à la présidentielle en 2018.
Condamné en mars à 15.000 roubles d'amende pour participation à une manifestation non autorisée, Mikhaïl craint aujourd'hui une décision plus sévère de la justice.
Roman, lui, risque malgré son jeune âge une amende allant jusqu'à 20.000 roubles et jusqu'à 40 heures de travaux d'intérêt général.
"J'essaie de me défendre, mais je n'ai pas d'argent pour un avocat. Je peux essayer de me défendre seul, mais je doute que cela se solde par un victoire", souffle-t-il.
Leur procès a été reporté à une date ultérieure, les policiers ayant oublié -- une situation fréquente dans les tribunaux russes -- d'apporter les documents de l'accusation. Les deux hommes sont donc repartis libre et attendent désormais une convocation qu'ils recevront par sms.
A LIRE AUSSI.
La Russie enquête en Turquie après l'assassinat de son ambassadeur
Boire en Russie: vodka, antigel et huile de bain
Être homosexuel en Tchétchénie veut dire la mort ou l'exil
Envie d'afficher votre publicité ?
Contactez-nousEnvie d'afficher votre publicité ?
Contactez-nous
L'espace des commentaires est ouvert aux inscrits.
Connectez-vous ou créez un compte pour pouvoir commenter cet article.