S'il n'était pas peintre et illustrateur de renom, Philippe Dumas, 77 ans, aurait certainement pu être un comédien de talent. Il suffit de l'écouter et de le regarder modifier les traits de son visage pour prendre l'accent de l'un, les mimiques de l'autre et tracer ainsi une caricature, sinon fidèle, du moins pittoresque et intelligente du personnage qu'il dépeint. L'homme est un artiste et a le goût pour les attitudes, les "trognes", les mouvements et les allures. Le goût pour la vie et une certaine forme de jeunesse aussi.
350 000 exemplaires des Contes à l'envers
Rien d'étonnant que depuis 40 ans, sa signature accompagne notamment un des plus beaux succès qu'ait connu le livre de jeunesse: Les contes à l'envers. Publié à plus de 350 000 exemplaires chez L'école des loisirs, l'ouvrage écrit par son inséparable camarade de Varengeville-sur-Mer Boris Moissard, continue aujourd'hui d'être une référence.
"À l'époque les gens avaient des idées très arrêtées sur ce que veulent les enfants, se souvient Philippe Dumas. Par exemple, il ne fallait pas parler d'argent, de la mort et des femmes dans un livre pour la jeunesse. Nous avons traité des trois sujets! Nous, notre seul but était d'essayer de ne pas embêter les enfants… Ça a marché!" Tellement bien que L'école des loisirs est devenue petit à petit une référence dans le monde de l'édition pour la jeunesse grâce notamment à ces petites illustrations très libres et vivantes, "à la mode anglaise" comme Philippe Dumas l'avait remarqué lors de ses déplacements Outre-Manche.
Dessiner sur le vif
Une bonne dose de liberté, un oeil curieux et amusé, du sang d'artiste et le théâtre normand sous ses yeux dès sa plus tendre enfance… Il n'en fallait pas plus pour faire de Philippe Dumas ce qu'il est devenu. Habitué à passer toutes ces vacances dans la maison de famille de Englesqueville, près de Dieppe, la Normandie est devenue sa palette. "Il y a en Pays de Caux des personnages formidables et très drôles," confie-t-il. Des hommes qu'il aime "dessiner sur le vif". À la manière, de ces artistes-illustrateurs du siècle dernier, les Constantin Guys, Gus Boffa et autres Dignimont, Philippe Dumas apporte en quelques coups de crayons et quelques touches d'aquarelle son regard sur la vie. "Ce qui rend une oeuvre unique, c'est la vision du monde par quelqu'un… C'est ma vision que je tente de dépeindre mais sans me prendre au sérieux". Ce qui le conduit à avoir la barbe et le crayon un peu moqueur. Un vrai geste de résistance car selon lui: "La moquerie, la vraie, la tendre, n'existe plus".
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