Taïwan a réagi avec colère à ce développement qui pourrait accroître la tension entre Taipei et Pékin, pour qui l'île est une province rebelle devant être réunifiée au continent.
Le Panama est devenu le dernier en date des pays à abandonner ses relations avec Taïwan pour se rapprocher de la deuxième économie mondiale.
"A la lumière des intérêts et du désir des deux peuples, la République de Panama et la République populaire de Chine décident, à partir de la date de signature de ce communiqué, de s'accorder la reconnaissance mutuelle et d'établir des relations diplomatiques au niveau des ambassadeurs", indique un communiqué commun publié à Panama.
Le gouvernement de Panama "reconnaît qu'il n'existe qu'une seule Chine" et que "Taïwan forme une partie inaliénable du territoire chinois", souligne le document.
"Panama rompt aujourd'hui même ses relations diplomatiques" avec Taïwan "et s'engage à cesser toute relation ou tout contact officiel avec Taïwan", ajoute le communiqué commun.
Simultanément, le président panaméen Juan Carlos Varela a annoncé "au pays et au monde", dans un message télévisé à la nation, que "le Panama et la République populaire de Chine établissent aujourd'hui des relations diplomatiques".
Le ministre chinois des Affaires étrangères Wang Yi et son homologue panaméenne Isabel Saint Malo de Alvarado ont signé à Pékin le communiqué formalisant l'établissement des relations.
"C'est un moment historique, les relations entre la Chine et le Panama ont ouvert un nouveau chapitre", a déclaré M. Wang, pour qui la décision du Panama est "en pleine conformité" avec les intérêts de son peuple et "en harmonie avec notre époque".
"C'est une décision stratégique conçue dans les meilleurs intérêts des deux nations", a dit la responsable de la diplomatie panaméenne.
Taïwan a réagi durement à l'annonce de la rupture des relations avec le Panama.
"Nous condamnons avec force Pékin, qui manipule la politique dite 'une seule Chine' pour continuer à réduire l'espace international de Taïwan par divers moyens", a déclaré la présidence taïwanaise.
"Ce genre d'actions n'est pas seulement une menace évidente contre la survie et le bien-être du peuple taïwanais, mais aussi une provocation délibérée contre la paix et la stabilité dans le détroit de Taïwan et dans la région", a poursuivi la présidence.
Les tensions diplomatiques entre Taïwan et la Chine s'étaient atténuées sous le précédent gouvernement taïwanais. Mais les relations se sont détériorées depuis la large victoire électorale qui a porté l'année dernière au pouvoir le parti de la présidente Tsai Ing-wen.
Mme Tsai a refusé de reconnaître le principe d'"une seule Chine", contrairement à son prédécesseur Ma Ying-jeou (2008-2016).
En Amérique centrale, tous les pays reconnaissaient Taïwan jusqu'à ce que le Costa Rica rompe en 2010 ses relations diplomatiques avec l'île, comme le Panama vient de le faire.
"Taïwan a été un grand ami du Panama et nous lui sommes très reconnaissants pour son amitié et sa coopération pour le développement de notre pays pendant que nous avions des relations diplomatiques", a déclaré le président Varela dans son allocution.
'Un rôle important'
La Chine est le second plus important utilisateur du canal de Panama après les Etats-Unis. L'an passé, la Chine a fait transiter par ce passage inter-océanique quelque 38 millions de tonnes de marchandises, soit 18,9% du trafic.
L'annonce survient une semaine après le début de la construction par Pékin d'un port de conteneurs, avec des installations de gaz naturel, dans la province de Colon, dans le nord du Panama.
Le 26 juin 2016, c'était un navire chinois qui avait été le premier à parcourir le canal de Panama élargi. La Chine est par ailleurs le premier fournisseur de marchandises de la zone franche de Colon, l'une des plus grandes d'Amérique latine.
Des multinationales et des entreprises chinoises actives dans de nombreux domaines, banque, énergie, logistique, télécommunications et technologies se sont établies ces dernières années au Panama.
"La République populaire de Chine a toujours joué un rôle important dans l'économie du Panama", a relevé le président Varela.
Il a annoncé que des projets d'accords avec la Chine allaient être étudiés notamment dans le tourisme, le commerce, l'agriculture, les migrations, la culture et l'éducation.
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