"On vient ici pour se rafraîchir pendant le ramadan car il fait très chaud", témoigne Hamad Chihab Hamad, 19 ans, à peine sorti de l'eau verdâtre.
En ce mois de juin, la température oscille entre 40 et 45 degrés dans la région en bonne partie désertique qui entoure Mossoul, la grande ville du nord de l'Irak.
Avec ses copains, Hamad s'est échappé pour quelques heures du camp d'Al-Khazer, où ils sont hébergés avec leur famille après avoir fui les combats entre les forces irakiennes et les jihadistes du groupe Etat islamique (EI).
Ils se sont faufilé discrètement par une brèche dans la clôture du camp avant d'emprunter une route poussiéreuse qui les a conduits au fleuve.
"Nous passons du bon temps jusqu'en fin d'après-midi avant de rentrer au camp", explique le jeune homme.
De toutes façons, "nous n'avons pas de travail et nous n'avons rien à faire (...) On doit pourtant rester 24 heures sur 24 au camp", déplore-t-il.
A chaque fois que l'un des jeunes s'apprête à sauter depuis les arbres de la berge, les autres l'encouragent en applaudissant. Les moins aguerris portent des bouées ou des ceintures flottantes faites de bric et de broc.
Un enfant âgé à peine de quatre ans a failli s'y noyer, ont constaté des journalistes de l'AFP.
'le seul loisir'
Le fleuve Khazer, l'un des principaux affluents du Tigre, coule entre Mossoul et Erbil, la capitale du Kurdistan irakien plus à l'est.
A proximité, a été établi le camp d'Al-Khazer, qui accueille plus de 32.000 déplacés, dont de très nombreux enfants. Ils y patientent en espérant que les forces irakiennes sortiront bientôt victorieuses de leur longue offensive pour chasser de Mossoul les jihadistes, désormais acculés s dans la vieille ville et quelques quartiers de l'ouest.
Mais cette attente semble bien longue pour les plus jeunes.
"Il fait très chaud sous la tente et le générateur ne marche pas toujours (…) Il n'y a rien pour se divertir dans le camp. Je viens donc ici pour nager et m'amuser avec mes frères et mes cousins", raconte Ibrahim Hassan Ibrahim, 13 ans.
"Nager est le seul loisir possible pour nous ici", renchérit Saleh Ali Zeidan, un père de 38 ans venu avec ses cinq enfants.
Il explique que l'inaction est particulièrement difficile à vivre durant le mois de jeûne musulman, qui tombe cette année durant la période la plus caniculaire.
Bien que le camp soit le seul a être fourni en électricité, les générateurs n'y fonctionnent en moyenne que quatre heures par jour.
Il y a encore quelques semaines, personne n'avait le droit de sortir du camp contrôlé par les forces kurdes. Les jeunes avaient alors ouvert une brèche mais celle-ci a rapidement été refermée par les forces de sécurité, racontent des déplacés.
Avec la montée des températures et le début du ramadan, le règlement semble s'être assoupli. Ce qui offre un répit bienvenu à tous ceux qui "peuvent sortir de leurs tentes et venir ici pour se baigner et admirer l'eau fraiche", se félicite Nizar, 16 ans, une casquette vissée sur la tête.
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