L'une, Manuela Carmena à Madrid, est une juge à la retraite de 73 ans. L'autre, Ada Colau à Barcelone, une ex-militante du droit au logement de 43 ans.
Portées par le mouvement des "indignés" contre l'austérité et la corruption, elles avaient conquis les deux villes comme candidates de "plateformes citoyennes" soutenues par le parti de gauche radicale Podemos.
Elles les gèrent depuis le 13 juin 2015, principalement avec l'appui du Parti socialiste.
A mi-mandat, "les deux villes maintiennent une dynamique positive, elles fonctionnent en toute normalité, je ne vois pas de symptômes de révolution +rouge+ ni d'énormités", dit Jordi Alberich, directeur du Cercle de l'économie, une fondation débattant des politiques économiques.
Inégalités croissantes, pollution, difficultés d'accès au logement: elles s'attaquent à des problématiques qui sont loin d'avoir disparu en deux ans voire se sont aggravées, souligne l'opposition.
Fin des loges VIP
Barcelone se félicite cependant d'une hausse de 50% des dépenses sociales, et Madrid d'une augmentation de 22% en 2016.
"Nous avons éliminé tout un tas de dépenses somptuaires et de privilèges", explique Manuela Carmena à l'AFP. "Cela nous a permis d'augmenter beaucoup les dépenses sociales tout en remboursant la dette", réduite de plus d'1,7 milliard d'euros (-32%) mais encore élevée à 3,8 milliards fin 2016.
"La crise avait durement frappé les secteurs les plus vulnérables", insiste-t-elle, d'où l'importance par exemple de "réduire drastiquement les tarifs des écoles maternelles".
Au chapitre des économies, la ville a arrêté de louer très cher au privé des locaux pour ses services municipaux ou de payer pour des "loges VIP" à l'Open de tennis...
Les impôts ont été relevés pour les locaux commerciaux de grandes superficies et "deux des hôtels les plus chers ne sont plus exemptés", dit la porte-parole de la mairie Rita Maestre, figure de Podemos de 29 ans.
L'opposition ironise, elle, sur "le miracle de la réduction de la dette", fustigeant l'amateurisme des nouveaux venus. "Ils ne dépensent pas parce qu'ils ne savent pas le faire", répète Begoña Villacis du parti libéral Ciudadanos à Madrid, résumant les critiques d'opposants qui dénoncent "la désorganisation" de la mairie.
"Ils ont décidé de rembourser la dette de manière anticipée avant de construire une seule école (...) ils sont incapables de gérer", accuse-t-elle.
Maire intérimaire de Barcelone pendant le congé maternité d'Ada Colau, Gerardo Pisarello vante "des politiques plus redistributives".
"Nous sommes en train de montrer que nous ne sommes pas voués à reproduire les politiques néolibérales ni à tomber entre les mains de l'extrême droite", lance-t-il.
Construction de logements sociaux
Le droit à un logement digne est une priorité affichée.
La précédente maire de Madrid, Anna Botella, "avait vendu en trois ans 4.000 logements à des fonds d'investissements +vautours+. Nous, nous prévoyons d'en avoir construit plus de 4.000 en 2019", dit Rita Maestre.
Barcelone a aussi adopté une panoplie de mesures: achat de bâtiments convoités par les spéculateurs, construction de 1.900 logements sociaux et programmation de 4.100, arrêt de 2.000 expulsions, incitations à la location d'immeubles vides...
Mais "ce n'est pas suffisant", admet Gerardo Pisarello. Les loyers ont bondi de 10% en 2016 et davantage encore dans les quartiers souffrant de la massification du tourisme.
Décidée à réguler le tourisme pour qu'il ne devienne pas insupportable, Barcelone a renforcé le contrôle des meublés touristiques non déclarés, infligé 600.000 euros d'amende à la plateforme Airbnb qui les promeut, interdit l'ouverture de nouveaux hôtels dans les zones saturées...
Le porte-parole du parti conservateur PD.Cat Joaquim Forn, déplore, lui, qu'en suspendant l'ouverture de deux hôtels de luxe, la ville perde un millier d'emplois. "Leur priorité, c'est la redistribution mais pas la création de richesses, un non-sens", assène l'opposant de droite.
Chacune des deux villes se veut aussi résolument plus "verte". Mais les débats sont féroces, notamment dans la capitale que la droite dirigea 24 ans.
L'éditorialiste de l'Expansion Miguel Angel Belloso a ainsi fustigé "le projet totalitaire" de Manuela Carmena - décrite comme "une sectaire rouge mais intelligente" - accusée de "persécuter la voiture".
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