"Je vais maintenant former un gouvernement", a-t-elle déclaré après s'être rendue à 12H30 (11H30 GMT) au palais de Buckingham pour obtenir le feu vert d'Elizabeth II, au lendemain d'élections législatives qui signent son échec personnel.
"Ce gouvernement guidera notre pays dans les discussions cruciales sur le Brexit qui commenceront dans dix jours et répondra au souhait des Britanniques en menant à bien la sortie de l'Union européenne", a-t-elle assuré.
Mme May a indiqué compter sur le soutien du parti nord-irlandais unioniste DUP, qui a remporté dix sièges, pour gouverner.
Un tel soutien lui donne une très courte majorité absolue, alors qu'elle avait convoquée ces législatives anticipées afin d'obtenir une majorité renforcée pour négocier la sortie de l'Union européenne avec les 27 à partir du 19 juin.
Les conservateurs sont en tête du scrutin mais ont perdu une douzaine de sièges, tandis que l'opposition travailliste en a gagné une trentaine, selon ces résultats quasi définitifs au terme desquels les Tories ne peuvent plus obtenir de majorité absolue.
Le taux de participation (68,72%) est le plus élevé pour des élections législatives depuis 1997, même s'il est inférieur à celui du référendum sur la sortie de l'Union européenne de juin 2016.
Le parti europhobe Ukip, qui s'effondre, perd son unique siège. Son leader Paul Nuttal en a tiré les conclusions en annonçant sa démission.
Jeremy Corbyn, leader des travaillistes largement réélu dans sa circonscription d'Islington, au nord de Londres, a immédiatement appelé Mme May à la démission pour "laisser la place à un gouvernement vraiment représentatif".
Le vétéran barbu de 68 ans a appelé à "un Brexit qui protège les emplois", assurant que le processus de sortie de l'Union européenne "devait se poursuivre" et que son parti était "prêt à mener les négociations au nom du pays".
Au sein même des Tories, l'ancienne ministre Anna Soubry a estimé que la Première ministre devait envisager une démission, soulignant qu'elle se trouvait "dans une situation très difficile".
Chute de la livre
La livre sterling, a immédiatement chuté à l'annonce des projections à 21H00 GMT, tant face à l'euro que face au dollar, et restait très affaiblie vendredi. La Bourse de Londres était quant à elle en hausse, de 0,65% vers 10H30 GMT, les grandes multinationales cotées sur ce marché profitant de l'affaiblissement de la livre.
Le commissaire européen français Pierre Moscovici a estimé que Mme May avait "perdu son pari", son homologue allemand, Günther Oettinger, jugeant lui que Londres était désormais un partenaire "faible" et "mauvais" pour négocier le Brexit.
Pour le ministre allemand des Affaires étrangères Sigmar Gabriel, le scrutin signe un désaveu pour Mme May et sa position pour un Brexit "dur".
A Paris, le Premier ministre Edouard Philippe a jugé que ces résultats étaient "une forme de surprise" mais qu'ils ne remettaient pas "en cause" le Brexit.
Le ton était plus conciliant du côté du négociateur en chef de l'UE sur le Brexit, Michel Barnier, qui a assuré que Bruxelles attendrait que le Royaume-Uni soit "prêt" avant de débuter les négociations.
"Unissons nos efforts pour conclure un accord", a-t-il également tweeté.
Le président du Conseil européen, Donald Tusk, a lui aussi appelé à "faire le maximum pour éviter" une absence d'accord tandis que le président de la Commission européenne Jean-Claude Juncker, plus ferme, a mis en garde contre tout "retard supplémentaire" dans les négociations, assurant que la Commission était prête.
Mike Finn, de l'université de Warwick, estime, lui, que le Royaume-Uni s'expose "à une période de coalition ou à de nouvelles élections". Résultat: "toute l'approche du Brexit est remise en question."
'Bazar complet'
L'onde de choc des législatives a également touché l'Ecosse, où indépendantistes du SNP essuient de lourdes pertes, à 35 sièges contre 56 en 2015.
"Déçue", la Première ministre d'Ecosse Nicola Sturgeon a reconnu que la perspective d'un nouveau référendum d'indépendance de l'Ecosse, qu'elle appelait de ses voeux, avait pu handicaper son parti.
Elle s'est engagé à réfléchir "à la meilleure manière d'aller de l'avant pour l'Ecosse", sans aller jusqu'à sceller le sort de son projet de consultation.
Les Libéraux-Démocrates, seul parti résolument europhile, gagnent 4 sièges à 12 mandats et ont prévenu dès jeudi soir qu'il n'y aurait "pas de coalition". Evoquant Theresa May, Tim Farron, le chef des Lib Dem, a jugé que "si elle avait une once d'amour propre, elle démissionnerait".
"Je suis tellement contente, c'est une véritable vengeance pour nous", s'est réjouie Sarah Holmes, 26 ans, en fêtant le bon résultat du Labour dans un bar de Londres.
Pour Angus en revanche, c'est "un bazar complet". Cet électeur de 43 ans qui vote habituellement pour le Labour a choisi pour la première fois de voter conservateur parce qu'il "y a un besoin de stabilité à cause du Brexit".
Après les surprises du Brexit et de l'élection de Donald Trump, "c'est la leçon des deux dernières années", estime Brian Klaas, de la London School of Economics. "Les électeurs n'aiment pas qu'on prenne leur vote pour acquis".
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