"Un courrier de dénonciation accompagné de documents est parvenu mercredi au parquet de Paris", a indiqué une source judiciaire, sans plus de précisions, confirmant des informations publiées dans Le Parisien et Le Point.
Selon les sites internet de ces journaux, cette dénonciation émane d'un ancien employé du MoDem qui affirme avoir été en partie rémunéré en 2011 sur l'enveloppe parlementaire de l'ex-eurodéputé du Sud-Est, Jean-Luc Bennahmias, alors qu'il avait été recruté en CDI pour travailler au sein du parti centriste.
Selon Le Point, "l'auteur du signalement a assuré à la justice n'avoir +jamais+ travaillé pour lui +en particulier+". Basé au siège parisien du MoDem, il dit n'avoir "jamais mis les pieds" dans le circonscription de M. Bennahmias ou au Parlement européen, selon Le Parisien.
Interrogé par l'AFP Jean-Luc Bennahmias, qui a quitté le MoDem à l'automne 2013, s'insurge: "il dit qu'il n'a jamais travaillé pour moi! Il a dû oublier". Il s'agit selon lui d'un assistant employé à "temps très partiel" entre "fin 2010 et fin 2011".
"Il répercutait le travail que je faisais au Parlement européen sur le site internet du MoDem" et était en relation avec "mes autres assistants parlementaires à Bruxelles et à Marseille", explique M. Bennhamias.
Témoignant sous couvert d'anonymat, l'ex-salarié dénonce "l'opacité qui entourait, selon lui, la prise en charge des salaires au sein de la formation du centre dirigée par François Bayrou, via le Parlement européen".
Ainsi, la direction du MoDem lui aurait fait signer un contrat de permanent à temps plein, avant de lui soumettre dans la foulée un avenant de détachement précisant qu'il exercerait des fonctions de collaborateur de M. Bennahmias à temps partiel, sans mention faite du nombre d'heures.
Le MoDem a réfuté ces accusations.
"On essaie de viser" Bayrou
"Tout salarié qui a travaillé dans ses équipes ces dernières années, souvent à temps partiel, a été rémunéré par le mouvement de manière parfaitement transparente en fonction du service effectivement assumé pour notre formation politique", a indiqué le parti, qui affirme avoir "respecté toutes les règles et toutes les obligations d'un employeur".
"On essaie de viser mon ami François, mon amie Marielle, mon amie Sylvie", a expliqué M. Bennahmias, en allusion à François Bayrou, Marielle de Sarnez, et Sylvie Goulard, les trois ministres MoDem du gouvernement.
Actuel ministre de la Justice, François Bayrou s'est allié avec Emmanuel Macron fin février.
Radio-France affirme que "sur la période 2009-2014, une dizaine de salariés du siège du parti étaient parallèlement collaborateurs des députés européens du Modem".
Les soupçons d'emplois fictifs au Parlement européen sont déjà au coeur de deux procédures judiciaires.
Une enquête préliminaire pour abus de confiance, visant 19 eurodéputés de tous bords, dont la ministre Marielle de Sarnez, a été ouverte par le parquet de Paris le 22 mars après le signalement d'une eurodéputée du Front national, Sophie Montel, qui dénonçait des cas d'assistants cumulant leur travail au Parlement avec des fonctions politiques.
Le FN est lui-même visé par une enquête des juges d'instruction, soupçonné d'avoir mis en place un système pour rémunérer ses permanents avec des crédits européens, en les faisant salarier comme assistants de ses eurodéputés.
Corinne Lepage, ancienne député européenne MoDem, avait dénoncé dans un livre paru en 2014 le recours à des emplois fictifs d'assistants parlementaires au sein du MoDem.
"Tout faux! Mes collaborateurs (même à 1/2 temps) ont toujours été pris en charge sur contrats MoDem", avait répondu M. Bayrou sur Twitter fin février.
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