Akihito avait créé la surprise en août dernier en laissant filtrer dans une allocution télévisée ses craintes quant à ses aptitudes à accomplir les multiples tâches liées à son rang de "symbole de la nation et de l'unité du peuple", du fait de son âge.
La loi, soumise par le gouvernement du Premier ministre conservateur Shinzo Abe, ne s'applique qu'à lui seul et il doit céder la place au prince héritier Naruhito, à une date qui sera fixée par décret, dans les trois ans suivant son entrée en vigueur.
Si tout se passe comme prévu, l'empereur pourrait, selon la presse japonaise, renoncer à ses fonctions dès fin 2018 et laisser au prince héritier le trône du Chrysanthème début 2019, après trois décennies d'un règne baptisé Heisei ou "parachèvement de la paix".
'Un précédent'
Aucun mécanisme n'était prévu pour autoriser son abdication et, suivant les recommandations d'une commission ad hoc créée par M. Abe, le gouvernement a décidé de proposer une loi d'exception. L'opposition de gauche et des universitaires avaient émis la crainte qu'une large réforme de la loi sur la Maison impériale ne prenne trop de temps, craignant en outre qu'elle ne soit utilisée aux dépens des futurs souverains via des pressions politiques pour abdiquer.
La succession aura lieu immédiatement après l'abdication et marquera le début d'une nouvelle ère dont le nom est décidé au terme d'une longue investigation.
"Cette abdication créera un précédent mais pour quelles raisons autorisera-t-on à l'avenir qu'un empereur quitte ses fonctions prématurément, cela reste flou. En ce sens, je pense que le débat sur les conditions d'application d'une telle loi a été notablement insuffisant", a déclaré à l'AFP le constitutionnaliste Sota Kimura.
Né le 23 décembre 1933, en pleine conquête militariste de l'Asie par le Japon, Akihito était enfant quand son père Hirohito fut déchu de son statut divin à la suite de la capitulation nippone intervenue en août 1945.
Il est ainsi le premier empereur a avoir été intronisé sous la Constitution de 1947, imposée par les Etats-Unis après la défaite et qui précise qu'il est "le symbole de l'Etat et de l'unité du peuple dont la position découle de la volonté populaire, détentrice du pouvoir souverain".
Ce frêle octogénaire à la voix douce, héritier de la plus ancienne famille régnante du monde - dont les racines remontent à plus de 2.600 ans selon la mythologie, au VIIe siècle après J.C. selon les historiens - , s'est efforcé de se rapprocher des citoyens japonais, auprès de la majorité desquels il jouit d'un immense respect.
Message de paix
"Akihito a montré la silhouette d'un empereur du Japon actuel, sous la Constitution actuelle et les résultats de cette posture nouvelle se voient dans sa popularité et le respect que les citoyens lui vouent", souligne le spécialiste de la famille impériale, Shinji Yamashita.
Le 16 mars 2011, cinq jours après le séisme et le tsunami qui ont dévasté le nord-est du pays, faisant plus de 18.500 morts et disparus et des centaines de milliers de sinistrés, Akihito s'était adressé directement aux Japonais via la télévision, une "première". Il s'était ultérieurement rendu sur place et tous les Japonais ont en tête des images, impensables du temps des précédents souverains, d'un empereur Akihito et d'une impératrice Michiko à genoux devant les sinistrés dans des refuges, et discutant avec eux avec empathie.
125e empereur du Japon, il a modernisé par petites touches la fonction, tout en distillant un message de paix, rejetant le nationalisme de la Seconde guerre mondiale et se rendant sur les lieux des exactions de l'armée japonaise, de la Chine aux Philippines en passant par les îles de Saïpan et Palaos, accompagné de son élégante épouse.
Bien que d'un naturel discret et contraint par ailleurs par la Constitution, Akihito a su pousser les limites lorsqu'il était prince héritier puis à sa place d'empereur. Il a rencontré Michiko, une roturière sur un court de tennis et leur mariage en 1959 avait fait sensation dans tout le pays. Il a également laissé entrevoir ses opinions de manière subtile.
En août 2015, il avait exprimé de "profonds remords" pour la Seconde guerre mondiale, au 70e anniversaire de la fin du conflit.
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