La décision finale sur une éventuelle invalidation de l'élection présidentielle de 2014 était initialement attendue pour jeudi, mais les débats du TSE se sont éternisés, notamment en raison de divergences sur les preuves devant être prises en compte, empêchant jusqu'ici le début du vote des juges.
Ce scrutin avait vu la reconduction pour un deuxième mandat de la présidente Dilma Rousseff (PT, gauche). Mais elle avait été destituée pour maquillage des comptes publics et remplacée il y a un peu plus d'un an par M. Temer, son vice-président, du PMDB (centre droit).
Le premier à voter pour statuer sur la validité de cette élection devait être le rapporteur du dossier, Herman Benjamin, mais son argumentation s'est prolongée des heures, poussant ses collègues à demander la suspension des débats pour la journée.
"Notre capacité d'attention a des limites", a concédé le juge Luiz Fux, vice-président du TSE.
La procédure pourrait néanmoins s'accélérer, grâce à un accord conclu entre les six autres magistrats pour que chacun ne prenne que vingt minutes pour argumenter son vote, a annoncé M. Fux.
Avocats optimistes
Pour le rapporteur Benjamin, la campagne de 2014 a été marquée par des "abus de pouvoir politique et économique dont l'impact se fera sentir longtemps sur notre système électoral".
La plupart des commentateurs s'attendent à le voir se prononcer pour l'invalidation du mandat, mais penchent néanmoins pour un dénouement qui verrait le président sauver son poste grâce à un vote favorable de la majorité simple des sept juges.
Avant le début des votes, le principal enjeu était d'établir si les juges doivent prendre en compte les preuves issues de témoignages d'anciens cadres du géant du BTP Odebrecht, une des principales entreprises au coeur du scandale de corruption qui secoue le Brésil.
Selon plusieurs juristes consultés par l'AFP, d'après la teneur des débats, quatre juges sur sept seraient en faveur de ne pas prendre en compte ces preuves, ce qui augmenterait considérablement les chances de M. Temer d'échapper à la justice électorale.
Ces confessions explosives, obtenues par le biais d'accords noués en échange de remises de peine, ont permis de révéler le versement de millions de dollars de pots-de-vin aux caisses noires de partis politiques de tous bords, y compris ceux de M. Temer et de Mme Rousseff.
Mais leurs avocats demandent que ces éléments ne soient pas pris en compte, arguant qu'ils ont été recueillis après l'instruction du procès.
"La thèse principale de la défense a été favorablement accueillie par la majorité des juges, c'est fondamental", a affirmé un des avocats du président Temer, Marcus Vinícius Furtado, à quelques journalistes.
Temer attaqué de toutes parts
M. Temer navigue en pleine tempête depuis qu'a été rendu public à la mi-mai un enregistrement compromettant dans lequel il semble donner son accord pour acheter le silence d'un ex-député aujourd'hui en prison.
La Cour Suprême a ouvert à son encontre une enquête pour corruption passive et entrave à la justice. Les appels à sa démission se sont multipliés, un grand nombre de motions de destitution ont été déposées et ses alliés de coalition menacent de faire défection.
"Le président ne perdra probablement pas son mandat au TSE, mais la crise politique reste d'actualité. De nouvelles informations sortent sans cesse, notamment avec l'arrestation de personnes de son cercle rapproché", a rappelé André César, du cabinet de consultants Hold.
Samedi, l'un de ses proches conseillers, Rodrigo Rocha Loures, filmé en train de recevoir une valise de billets et soupçonné d'être un intermédiaire dans cette affaire de pots de vin, a été placé en détention provisoire.
D'autres spécialistes pensent néanmoins que l'ampleur de la crise politique pourrait être considérablement atténuée par une décision favorable du TSE.
"Si le TSE décide de le disculper, la probabilité qu'il n'aille pas au terme de son mandat chute de 60% à 30%", avait estimé mercredi le cabinet de consultants Eurasia Group.
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