La vague qui se dessine à quatre jours du premier tour paraît tellement colossale que même dans le camp de M. Macron, on pense à l'écrêter.
"Je suis prudent. Les 48-72 dernières heures peuvent modifier la donne. Il est possible que les Français corrigent un peu ça", glisse un ministre.
Faire entrer quelque 400 députés à l'Assemblée, "ça paraît énorme, même 300 ce serait déjà conséquent", commente Arnaud Leroy, porte-parole de la REM et "un peu surpris par les projections des sondages"
"Mais comme elles se confirment jour après jour", relève-t-il, conforté, dit-il par les mines déconfites de ses adversaires LR et PS. "Je me dis qu'ils doivent aussi avoir des sondages internes", souligne-t-il.
Cette mainmise annoncée des députés macronistes sur l'hémicycle fait même brandir la menace d'un "parti unique". Employant ce nouvel élément de langage des rivaux de M. Macron, l'ancien Premier ministre Jean-Pierre Raffarin a ainsi jugé qu'il n'était "pas facile d'expliquer qu'on n'élit pas un empereur".
"C'est Bonaparte 1er consul, après une campagne d'Italie éclair", s'extasie en écho l'ancien ministre Renaud Dutreil, qui fut le premier soutien de droite de M. Macron.
Cette razzia s'effectuerait effectivement en un temps restreint puisque l'essentiel des 529 candidats de la REM ont été investis après le second tour de l'élection présidentielle et ont labouré le terrain trois semaines seulement. Et en ne comptant que 28 parlementaires sortants seulement dans leurs rangs, signe de l'exigence de renouvellement fixée par M. Macron, les postulants de la REM ont aussi dû se faire connaître des électeurs, à grand renfort d'affiches les faisant poser aux côtés du chef de l'Etat.
"Pour tous, il y a un déficit de notoriété", souligne Pierre Person, qui se présente dans la 6e circonscription de Paris, notamment face à Cécile Duflot. "En plus j'ai 28 ans, je suis jeune, je pensais que ce serait un handicap. Mais les gens sont convaincus qu'il faut donner une chance à Emmanuel Macron de réussir, qu'il lui faut une majorité large pour gouverner efficacement", insiste-t-il.
'Les seuls électeurs motivés'
Candidat face à Nathalie Kosciusko-Morizet dans la 2e circonscription de Paris, Gilles Le Gendre sent lui aussi "élan très porteur et très positif".
"Beaucoup d'électeurs me disent: +on sait parfaitement que si le chef de l'Etat n'a pas une majorité forte, on va retomber dans l'immobilisme, les petites histoires, les majorités à dimension variable, les oppositions dites constructives mais qui ne sont jamais que des oppositions+", relève-t-il.
"Et les gens sont extrêmement satisfaits du début de présidence. Ils ont retrouvé une forme de fierté au niveau international", abonde Jeanne Dromard, candidate dans la 9e circonscription de Seine-Saint-Denis, un territoire historiquement ancré à gauche mais où la REM est "partout optimiste", dixit le référent départemental Alexandre Aidara.
"Ici, les premiers pas d'Emmanuel Macron ont rassuré et le climat est très bon", affirme celui qui se présente dans la 6e circonscription face à la socialiste Elisabeth Guigou.
Et l'affaire touchant le ministre de la Cohésion des territoires Richard Ferrand n'a rencontré que peu d'écho sur le terrain, jurent de conserve les candidats interrogés.
"Les gens n'en ont rien à faire", assure même Prisca Thévenot (4e de Seine-Saint-Denis) qui dit devoir davantage répondre à "l'augmentation de la CSG, la nouvelle loi travail".
Soigneusement encadrés par le parti, tant au niveau administratif qu'opérationnel, les novices de la REM comptent aussi faire la différence par leur activisme, galvanisés par la perspective d'un siège de député à portée de main.
"Une élection c'est d'abord une question de motivation des électeurs. Les seuls électeurs que je vois motivés aujourd'hui sur le terrain", sont ceux derrière Macron, note ainsi Renaud Dutreil.
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