C'est mercredi après-midi, il fait beau et elles auraient des choses bien plus agréables à faire. Mais elles sont là, fidèles au poste et à leurs convictions. Elles, ce sont quatre mamans qui ont pour point commun de scolariser leurs enfants dans les écoles maternelle et primaire de Mesnil-sous-Jumièges (Seine-Maritime). Comme de nombreuses écoles dans le département, elles perdront une enseignante à la fin de l'année.
"Il ne nous restera que deux enseignantes, une pour les maternelles et une à qui on demande de gérer les cinq niveaux de primaire en plus des fonctions de directrice, résume Sabrina Demarais. Mais le plus aberrant, c'est qu'on nous demande de laisser quatre élèves faire leur CP avec les maternelles."
La mort des petites écoles?
Pour Annie Carré, première adjointe de la commune c'est clair: "le but est de faire fermer les écoles des petites communes au profit de regroupements scolaires." Une vision des choses partagée par Marceau Privat, directeur d'une école à Canteleu: "Il faut mettre le paquet sur les zones où il y a le plus de difficultés, mais faute de moyens ça se fait au détriment des écoles rurales."
En l'état actuel des choses, l'Inspection académique programme 88 fermetures de classes dans le département à la rentrée 2017 pour 44 ouvertures dans d'autres écoles. Si les parents comme les élus ne sont pas forcément opposés à ces changements, ils déplorent par contre la façon dont les choses leur sont présentées. "Les élus sont mis devant le fait accompli, ce n'est pas entendable", affirme Marceau Privat. "Ce qui nous choque, c'est qu'on nous impose les choses alors que si c'est bien fait, on n'est pas contre un regroupement", confirme Annie Carré.
Pour preuve du manque de communication avec l'Inspection académique - qui n'a pas souhaité répondre à nos questions - un rapprochement est envisagé entre les écoles de Mesnil-sous-Jumièges et de Jumièges. Mais les parents de la commune, eux, préféreraient un regroupement avec l'école de Duclair pour pouvoir déposer leurs enfants sur leur route pour aller travailler à Rouen.
Par ailleurs les parents veulent que les contraintes entraînées par un départ des enfants dans une autre commune. "Il va falloir payer la cantine au tarif hors-commune, payer le bus pour emmener les enfants, les lever plus tôt le matin", souligne Marie-Anne Dehais, une autre parent d'élève.
Une dernière réunion pour obtenir gain de cause
C'est la raison pour laquelle elle continue le combat avec celles que les parents des autres communes surnomment "les rebelles du Mesnil". Pour faire entendre leurs arguments, elles ont fait apprendre une chanson à leurs enfants "qui comprennent bien la situation". Leur but est de réussir à faire fléchir l'Inspection académique lors de la dernière réunion sur la carte scolaire prévue le vendredi 23 juin 2017.
"Nous pouvons faire en sorte que la carte soit juste et équitable, mais au final c'est l'Inspection qui rend son arbitrage", rappelle Marceau Privat. Mais l'enseignant se satisfait déjà d'avoir obtenu un engagement de l'Inspectrice d'académie: aucune fermeture de classe ne pourra être décidée à la rentrée. Seules des ouvertures pourront être actées lors du "comptage" des élèves à la rentrée. D'ici là et tant que rien ne sera officiellement perdu, "les rebelles du Mesnil" continueront de se faire entendre en bloquant leur école quinze minutes tous les matins.
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