Avec sa mère, sa tante et sa cousine, la petite fille était à la Manchester Arena le 22 mai lorsqu'un kamikaze s'est fait exploser à la sortie du concert de la pop-star américaine, faisant 22 morts, dont sept mineurs, et plus de cent blessés.
Toutes les quatre sont revenues dimanche pour vivre ce concert commémoratif au milieu de 50.000 autres personnes, pour "reprendre confiance" en la vie et "revoir du monde" aussi, explique à l'AFP sa mère, Rachel Jea, 32 ans.
"On avait le choix entre venir ici ou rester terrées, dans la peur, à la maison. Nos grand-parents ont surmonté deux guerres mondiales pour que nous puissions vivre en paix et voilà que ça recommence. Ce ne devrait pas être comme ça. Il faut que ce gouvernement fasse quelque chose, surtout après ce qui s'est passé la nuit dernière à Londres", a-t-elle ajouté, évoquant ce nouvel attentat qui a fait sept morts samedi soir dans la capitale.
"Je veux dire à tout le monde : n'ayez pas peur !", lance alors la petite Scarlet avec force, ajoutant en prenant son air le plus sérieux : "ce concert est bien pour Ariana aussi car ce n'est pas de sa faute ce qui s'est passé".
Justin Bieber, Katy Perry, Coldplay, Robbie Williams, Pharrell Williams, Miley Cyrus, Take That, Usher, les Black Eyed Peas, Little Mix ou encore Niall Horan du groupe One Direction : une pléiade de stars était programmée pour ce concert baptisé "One love Manchester" que personne ici n'a voulu rater, malgré, parfois, une certaine inquiétude.
Les tickets mis en vente jeudi sont partis en quelques minutes. Le concert maintenu, malgré l'attentat à Londres, des milliers de Mancuniens faisaient la queue autour du stade de cricket de Manchester plusieurs heures avant le début de l'ouverture des portes.
'Ces abrutis'
Ils étaient protégés par un impressionnant dispositif de sécurité, avec des policiers très lourdement armés, certains arrivés en renfort de Londres pour ce concert dont les recettes seront entièrement reversées au fonds mis en place pour aider les proches des victimes.
Dans le public, une majorité d'adolescents, accompagnés ou non par leurs parents, portant des bracelets "we stand together" ("nous sommes ensemble"), des serre-tête oreilles de chat et des t-shirts abeille, un insecte devenu le symbole de la résistance de toute une ville face à la terreur.
"Rien ne nous vaincra, nous sommes venus pour exprimer notre soutien à Manchester et à notre pays. Il faut continuer à vivre sans peur", souligne Myriam Fletcher, 39 ans, venue de Hull, avec sa fille Michelle, 21 ans, qui fait remarquer que "l'affiche est vraiment extraordinaire".
Des milliers de personnes présentes dimanche avaient vécu l'horreur de près le 22 mai. Certains blessés assistaient au concert en chaise roulante.
Abdullah Mala, 34 ans, est accompagné de sa fille Hannah, huit ans. Elle aussi était à la Manchester Arena et a le même âgé que la plus jeune des victimes. Mais "heureusement, elle est sortie avant la dernière chanson", raconte son père, ému, à l'AFP.
"Je ne peux imaginer ce que peuvent vivre ceux qui ont perdu quelqu'un de cher, dit-il. En venant, on est passés en tram devant la gare de Victoria et j'ai ressenti une immense tristesse".
"J'y ai réfléchi à deux fois avant de venir ce soir. Mais on ne peut pas laisser ces abrutis gagner. Je viens d'une famille musulmane. C'est un mois sacré pour les musulmans, un moment pour prier et donner aux pauvres. Ces gens-là ne croient en rien de tout ça", ajoute-t-il, enlaçant tendrement sa fille.
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