Le milliardaire républicain, qui s'était maintes fois engagé à déplacer la chancellerie américaine dans la Ville sainte, a finalement repoussé sa décision d'au moins six mois, a annoncé la Maison Blanche, quelques heures avant une échéance juridique.
En effet, une loi du Congrès adoptée en novembre 1995 (Jerusalem Embassy Act) stipule que la représentation diplomatique de Washington dans l'Etat hébreu doit se trouver à Jérusalem, reconnaissant ainsi de facto cette ville comme la capitale d'Israël.
Mais depuis deux décennies, une clause dérogatoire à cette loi permet à l'exécutif américain de bloquer son application et tous les présidents américains successifs ont depuis la fin des années 1990 signé tous les six mois cette clause.
Cela a permis à Washington, comme la plupart des autres puissances, de maintenir son ambassade à Tel-Aviv.
La dernière fois que la clause fut activée, ce fut en décembre par le président démocrate Barack Obama, un mois avant de céder le bail de la Maison Blanche au républicain Donald Trump.
L'échéance pour M. Trump tombait ce jeudi, une minute avant minuit (heure de la côte est), soit vendredi à 03H59 GMT.
Alors que le nouveau locataire de la Maison Blanche s'était montré beaucoup plus flou sur ses intentions, des experts et des diplomates tablaient depuis quelques jours sur le fait qu'il allait signer la clause dérogatoire.
Mais la Maison Blanche s'est défendue de tout renoncement.
"Bien que le président Donald Trump ait signé une dérogation au Jerusalem Embassy Act et repoussé le déménagement de l'ambassade des Etats-Unis en Israël de Tel-Aviv à Jérusalem, personne ne devrait considérer que cette mesure marque un retrait de l'appui solide du président à Israël et à l'alliance" entre les deux pays.
"Intention de déménager"
En outre, la présidence américaine a réaffirmé que Donald Trump avait bien "l'intention de déménager l'ambassade".
"La question n'est pas de savoir si cela se produira, mais seulement quand", a martelé l'exécutif.
Reste que l'imprévisible président septuagénaire et son administration avaient envoyé ces dernières semaines des signaux indiquant que les Etats-Unis allaient renoncer, pour l'instant, à une décision aux conséquences régionales et internationales potentiellement extrêmement lourdes.
D'abord, Donald Trump s'était bien gardé d'aborder le sujet lors de son voyage en Israël et en Cisjordanie la semaine dernière.
Ensuite, son nouvel ambassadeur dans l'Etat hébreu, l'avocat américain juif David Friedman, chaud partisan du déménagement de la chancellerie et de la colonisation israélienne, s'était montré moins catégorique lors de son audition de confirmation devant le Sénat en février .
Les Palestiniens, des dirigeants arabes et même l'ancien secrétaire d'Etat américain John Kerry avaient plusieurs fois mis en garde contre le risque d'une explosion de violences entre Palestiniens et Israéliens en cas de déplacement de l'ambassade.
L'argument a semble-t-il été entendu au moment où le nouveau président entend relancer le processus de paix israélo-palestinien au point mort complet depuis le printemps 2014.
Alors que tous ses prédécesseurs se sont cassé les dents sur le dossier, "le président Trump a pris cette décision pour maximiser les chances de négocier avec succès un accord entre Israël et les Palestiniens", a argumenté la Maison Blanche.
Le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu, que Donald Trump avait reçu en février et qualifié d'"ami" s'est déclaré "déçu".
Même adjectif choisi sur Twitter par le lobby américain pro-israélien plutôt classé à droite, l'Aipac (American Israel Public Affairs Committee).
En revanche, l'organisation juive américaine de gauche, J Street, a salué dans un communiqué le fait que Donald Trump "a décidé de maintenir la politique prudente de ses prédécesseurs".
Les Palestiniens se sont félicités de leur côté de cette décision de ne pas transférer l'ambassade américaine à Jérusalem.
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