"J'annoncerai ma décision sur l'accord de Paris jeudi à 15h00 (heure de Washington, ndlr). Dans la roseraie de la Maison Blanche. RENDRE SA GRANDEUR A L'AMERIQUE!", a tweeté mercredi soir M. Trump, reprenant son slogan de la campagne électorale. Il n'a pas indiqué quelle serait sa décision, mais selon des médias américains un retrait de l'accord est probable.
Assailli de questions sur ce dossier crucial, le président américain avait quelques heures plus tôt lancé depuis le Bureau ovale: Vous le saurez très bientôt". "J'écoute beaucoup de gens, des deux côtés", avait poursuivi, énigmatique, celui qui, depuis son arrivée au pouvoir, affiche sa volonté de donner un coup de pouce aux énergies fossiles (charbon, pétrole, gaz) au nom de la défense des emplois américains.
Conclu fin 2015 par plus de 190 pays sous l'égide de l'ONU, l'accord de Paris vise à limiter la hausse de la température mondiale et ses effets dévastateurs.
Un retrait américain - acquis selon plusieurs médias américains - serait une véritable déflagration, 18 mois après cet accord historique, dont Pékin et Washington, les deux principaux émetteurs de gaz à effet de serre de la planète, furent des architectes centraux.
L'Union européenne et la Chine réaffirmeront, lors d'un sommet à Bruxelles jeudi et vendredi, leur soutien à ce texte quelle que soit la position du président américain, a indiqué un dirigeant européen sous couvert d'anonymat.
Le milliardaire et entrepreneur Elon Musk a lui menacé de quitter les différents cénacles de grands patrons conseillant Donald Trump si celui-ci retirait les Etats-Unis de l'accord.
Signaux contradictoires
La question a profondément divisé le sommet du G7 qui vient de s'achever en Sicile, tous ses participants, à l'exception du président américain, ayant réaffirmé leur engagement envers ce texte.
Pendant sa campagne, l'homme d'affaires septuagénaire avait promis d'"annuler" cet accord. Mais depuis son installation à la Maison Blanche, il a envoyé des signaux contradictoires, reflets des courants contraires qui traversent son administration sur la question climatique mais aussi, au-delà, sur le rôle des Etats-Unis dans le monde et leur rapport au multilatéralisme.
Le patron de l'Agence de protection de l'environnement (EPA), Scott Pruitt, s'est ouvertement prononcé pour une sortie de l'accord, jugeant qu'il était "mauvais" pour l'Amérique.
Le monde des affaires s'est, dans sa grande majorité, prononcé pour un maintien au sein de l'accord de Paris. Une douzaine de grands groupes, parmi lesquels le pétrolier ExxonMobil, le géant de l'agrochimie DuPont, ou encore Google, Intel ou Microsoft, ont pressé Donald Trump de ne pas en sortir.
Concrètement, Donald Trump pourrait invoquer l'article 28 de l'accord de Paris, qui permet aux signataires d'en sortir, mais, en raison de la procédure prévue, cette sortie ne deviendrait effective qu'en 2020. Une autre solution pourrait être de sortir purement et simplement de la Convention-cadre des Nations unies sur le changement climatique (Cnucc).
La Maison Blanche restait muette mercredi sur ce thème et une éventuelle surprise de dernière minute de la part de l'imprévisible président ne pouvait être exclue.
#Honteux
L'ancien secrétaire d'Etat John Kerry, impliqué de longue date sur la question du climat, a interpellé le président américain sur Twitter: "Des milliards d'enfants devront vivre avec cette décision, quelle qu'elle soit. Pensez à eux, s'il vous plait".
Nombre d'élus démocrates ont exprimé leur incompréhension ou leur colère. "Trump se retire de l'accord de Paris sur le climat. Visiblement, 'L'Amérique d'abord' veut dire 'Les pollueurs d'abord'. #Honteux", a lancé l'élu démocrate de New York Hakeem Jeffries.
Une solution mise en avant par certains responsables de l'administration consistait à rester dans l'accord tout en lançant un réexamen des objectifs américains. Cela permettrait de garder un siège à la table des négociations tout en envoyant, en interne, le signal d'une forme de rupture avec l'administration démocrate de Barack Obama.
Au contraire du Protocole de Kyoto (1997), l'accord conclu à Paris ne fixe pas d'objectif contraignant par pays, les engagements nationaux reposant sur une base volontaire. L'objectif des Etats-Unis, fixé par l'administration Obama, est une réduction de 26% à 28% de leurs émissions de gaz à effet de serre d'ici 2025 par rapport à 2005.
La Maison Blanche a, à plusieurs reprises, jugé ces chiffres trop élevés, jugeant que s'y tenir serait "handicapant" pour la croissance américaine.
Au-delà de la question économique, demeure celle de la position de Donald Trump sur le changement climatique. Interrogé mardi sur ce thème, son porte-parole Sean Spicer était resté extraordinairement évasif.
Le président croit-il à l'impact des activités humaines sur le changement climatique, sujet qui fait l'objet d'un très large consensus scientifique ?
"Je ne peux le dire, je ne lui ai pas demandé", a-t-il répondu.
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