Pour son premier déplacement en province, après une série de rencontres internationales au sommet, le président de la République a inauguré le paquebot MSC Meraviglia, "cathédrale sur l'eau", réalisé par un groupe qu'il a érigé en modèle de sa future réforme du marché du travail.
M. Macron en a aussi profité pour annoncer une révision de l'accord conclu il y a moins de deux mois par le gouvernement Valls sur le rachat du chantier par l'italien Fincantieri.
Le ministre de l'Economie, Bruno Le Maire, issu de LR, est prié de renégocier cet accord, qui confiait la majorité du capital des chantiers à Fincantieri et un autre actionnaire italien, Fondazione CR Trieste. Interrogé par l'AFP, Fincantieri s'est refusé à tout commentaire.
L'annonce "va plutôt dans notre sens", "l'option intermédiaire d'une révision et d'une redistribution du capital nous va plutôt bien", a dit à l'AFP Christophe Morel, représentant CFDT chez STX France. La CFDT plaide pour l'entrée au capital du chantier naval de salariés et d'entreprises locales.
Salariés et élus craignaient un transfert du savoir-faire, voire des commandes, vers les chantiers italiens de Fincantieri. "L'Etat doit jouer un rôle moteur pour qu'ils (les salariés de Saint-Nazaire) soient toujours au sommet de la vague", a plaidé Philippe Grosvalet, président (PS) du conseil départemental de Loire-Atlantique dans un communiqué.
Visage de l'industrie française
"Vous avez sauvé l'entreprise, merci", a aussi lancé M. Macron aux salariés des chantiers. "On disait l'entreprise perdue. Vous avez conclu un accord difficile, accepté des mois de chômage technique, pour que l'entreprise tienne, par un accord d'entreprise inédit".
Une référence à l'accord de "compétitivité" conclu en 2014, par lequel les salariés avaient renoncé à des RTT, signé par les syndicats réformateurs. Depuis, des commandes colossales sur 9 ans ont été signées avec la livraison de 14 paquebots prévues d'ici 2026, s'est-il félicité.
Déjà, lorsqu'il était ministre de l'Economie, en février 2016, M. Macron était venu saluer cet accord d'entreprise pour défendre la loi travail portée par Myriam El Khomri.
"Vous avez montré ce visage que je veux voir pour l'industrie française, celui de la responsabilité partagée. C'est exactement l'esprit de la réforme que le gouvernement conduit", a-t-il insisté mercredi.
"Plus de dialogue social sur le terrain pour négocier des accords intelligents, qui parfois ne peuvent être trouvés au niveau national. C'est cela que je veux voir généraliser. Avec aussi un vrai partage de la valeur ajoutée quand les choses vont mieux", a-t-il plaidé.
Comme en contrepartie des efforts demandés aux salariés, il a rappelé son engagement à pousser pour une réforme de la directive européenne sur les travailleurs détachés pour contrer le dumping salarial.
"Quand cela revient à utiliser des salariés payés la moitié ou le tiers des salariés français pour le même travail, ce n'est pas l'esprit de l'Europe. Donc, dans les prochaines semaines, nous allons mener une action européenne pour une vraie refondation de la directive, et avoir partout à travail égal salaire égal. Nous vous le devons", a-t-il clamé. "Cette Europe qui protège est celle que je veux".
Emmanuel Macron avait, durant sa campagne, préconisé de limiter à un an la durée autorisée de séjour de ces travailleurs venus d'autres pays d'Europe et envoyés en France une durée déterminée.
Autre axe affiché: une industrie intégrant des objectifs environnementaux. Le président a cité comme exemple les 4 paquebots "World Class" commandés à STX par le croisiériste MSC qui seront propulsés au gaz naturel liquéfié (GNL) et dont la commande a été confirmée ce mercredi par MSC, devenu l'un des plus gros investisseurs étrangers en France.
Globalement, ces paquebots représenteront 4,5 milliards d'euros de commandes pour les chantiers et 37 millions d'heures de travail, qui emploient 2.600 personnes et font travailler environ 5.000 employés d'entreprises sous-traitantes.
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