Le professeur Aubier doit comparaître devant le tribunal correctionnel de Paris le 14 juin. Il risque jusqu'à cinq ans d'emprisonnement et 75.000 euros d'amende.
Selon publicsenat.fr, qui a eu la primeur de la décision du bureau du Sénat, il s'agit d'une première. Le cabinet du président du Sénat, Gérard Larcher (LR), s'est refusé à confirmer ce caractère inédit ainsi qu'à tout commentaire.
"Je n'ai aucun lien d'intérêt avec les acteurs économiques", avait déclaré le 16 avril 2015 le professeur Aubier, en préambule de son audition par la commission d'enquête du Sénat "sur le coût économique et financier de la pollution de l'air", après avoir juré, la main levée, de "dire toute la vérité".
Il était auditionné comme représentant de l'AP-HP, à la place de Martin Hirsch, qui avait été empêché. Le professeur Aubier avait notamment déclaré que "le nombre de cancers dans les pathologies respiratoires (...) liées à la pollution est extrêmement faible".
Un an plus tard, après des révélations de Libération et du Canard enchaîné, il avait reconnu en mars 2016 devant la commission sénatoriale qu'il touchait de 50.000 à 60.000 euros par an du groupe pétrolier Total depuis la fin des années 1990.
Le directeur général de l'AP-HP, Martin Hirsch, qui avait dit tout ignorer de la collaboration de M. Aubier avec Total, avait annoncé en avril 2016 l'obligation pour les médecins de l'AP-HP de déclarer leur activité rémunérée au profit des industriels.
La présidence du Sénat avait signalé en avril 2016 le cas de ce médecin au parquet, qui avait ouvert une enquête préliminaire.
Le médecin, ancien chef du service de pneumologie à l'hôpital Bichat à Paris, avait évoqué un acte non intentionnel, selon une source proche de l'enquête.
Trois ONG, Écologie sans Frontières, Génération future et Le rassemblement pour la planète, ont décidé également, en mars, de se porter civile.
"La lutte contre la corruption concerne tous les secteurs de la société. Et la santé environnementale est infestée de conflits d'intérêt", avait alors déclaré à l'AFP Saifi Nadir, vice-président d'Écologie sans Frontières
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