En Ile-de-France, des grévistes ont réinstallé des "barrages filtrants" à l'entrée de la dizaine de dépôts franciliens pour informer les camions qui roulent du mouvement, afin "de continuer à mettre la pression sur les organisations patronales", a indiqué Fabrice Michaud, porte-parole de la fédération.
La police a notamment confirmé des "filtrages" au port de Gennevilliers et à Nanterre, mais "pas de blocage".
Il en est de même à Grand-Quevilly, près de Rouen, et Fos-sur-Mer, près de Marseille. "Des tracts sont distribués aux chauffeurs, mais il n'y a pas de blocage", selon M. Michaud.
Selon la fédération, la grève est observée par une large majorité de chauffeurs franciliens, ce que contestent plusieurs organisations patronales.
De fait, même sans action de blocage, des dépôts tournaient au ralenti, comme à Villeneuve-le-Roi (Val-de-Marne) où 25 camions avaient été chargés à 9h, contre une moyenne de 40 habituellement.
Sans qu'il soit possible de faire la part entre l'effet de la grève et le comportement des automobilistes qui, anticipant une pénurie, se seraient précipités à la pompe, la guerre d'usure lancée il y a six jours par la CGT-Transports commence à se faire sentir dans un nombre croissant de stations-services.
400 stations en panne
Exemple dans le Val-de-Marne, sur 89 stations, plus de la moitié sont touchées: 28 en rupture totale et 20 partielle. La station BP du centre ville d'Ivry-sur-Seine est à sec "depuis hier midi". "On attend d'être livré... comme tout le monde", dit le pompiste.
L'application mon-essence.fr, élaborée à partir des informations remontées par les abonnés, recensait mercredi matin environ 840 stations touchées, dont 400 en rupture totale (contre 252 mardi soir). Il y a 11.000 stations dans l'hexagone, dont 1.000 en région parisienne.
Selon une source CGT du port de Gennevilliers (Hauts-de-Seine), "400 stations sont en panne sèche et presque 500 en panne partielle, essentiellement en gasoil".
L'Union française de l'industrie pétrolière (Ufip) évoque elle toujours "une centaine" de stations en rupture en Ile-de-France sur les 600 stations dans son giron (hors grande distribution et indépendants), représentant plus de la moitié des points de vente.
Au début du mouvement, l'Ufip avait demandé aux consommateurs de ne pas se ruer vers les stations, pour éviter une pénurie créée par un effet de panique comme au printemps 2016, lors des grèves contre la loi travail.
Du côté de la Fédération française des combustibles, carburants et chauffage (FF3C, un millier de stations indépendantes et 700 stations Avia), "on ne constate aucune difficulté ni rupture", mais la FF3C est "peu représentée en région parisienne", a précisé sa déléguée générale Frédéric Plan.
La grève lancée vendredi en plein week-end de l'Ascension par la CGT vise à pousser le patronat (FNTR, TLF, OTRE) à "négocier" l'insertion dans la convention collective du transport routier de "spécificités" propres aux matières dangereuses.
La CGT-transports demandait mardi soir dans un communiqué "aux organisations patronales et au gouvernement de prendre leurs responsabilités pour réunir les conditions d'ouvertures rapides de négociations".
Le syndicat souhaite notamment une durée journalière de travail maximale de 10 heures, un suivi médical semestriel spécifique, un taux horaire minimal de 14 euros et un treizième mois.
"Ces revendications sont portées par le seul syndicat CGT et aucune négociation n'est envisageable avec un seul syndicat", avaient répondu lundi deux fédérations patronales (FNTR et TLF).
Attendant "un signe significatif des autorités", la CGT-Transports espère mercredi "convaincre les autres syndicats de venir à la table des négociations".
A La Rochelle, la CGT menace de "reprendre le mouvement" jeudi "si nous n'avons aucune nouvelle de la part du gouvernement ou du patronat", prévient Stanislas Baugé (CGT).
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