Le thème de la probité avait animé la campagne présidentielle, marquée par l'affaire Fillon, et revient comme un boomerang pour bousculer le début du mandat d'Emmanuel Macron.
Mardi, la mire s'est déportée sur la ministre des Affaires européennes Marielle de Sarnez, visée avec 18 autres députés européens de tous bords par une enquête préliminaire pour des emplois fictifs présumés de collaborateurs au Parlement européen. La vice-présidente du MoDem a déposé une plainte pour "dénonciation calomnieuse" contre l'eurodéputée du Front national Sophie Montel, qui a envoyé une lettre à l'origine de la procédure.
Soutien de longue date de M. Macron, le centriste Jean Arthuis est également ciblé. "Je suis stupéfait, profondément choqué par cet amalgame qui crée des écrans de soupçons qui n'ont pas lieu d'être", a-t-il réagi auprès de l'AFP.
Ces accusations s'ajoutent à celles portées contre le ministre de la Cohésion des territoires, Richard Ferrand, proche de M. Macron et secrétaire général du parti La République en marche (REM).
Le député du Finistère est dans la tempête depuis une semaine et les premières révélations du Canard enchaîné concernant une location immobilière des Mutuelles de Bretagne impliquant sa compagne.
Les vents contraires ne faiblissent pas: selon des informations publiées par Le Monde, qui épingle un "mélange des genres", et Mediapart mardi, la compagne de M. Ferrand, qui est avocate, a eu plusieurs contrats auprès des Mutuelles dont M. Ferrand a été directeur général de 1998 à 2012. Et son ex-femme, artiste plasticienne, a également obtenu plusieurs contrats d'aménagement d'intérieur via ces mêmes Mutuelles de Bretagne.
"Ce ne sont pas des révélations, juste la poursuite de la musique qui résonne depuis plusieurs jours", tente de désamorcer auprès de l'AFP Christophe Castaner, porte-parole du gouvernement.
Quelques fausses notes ont aussi émaillé les investitures de La République en marche pour les élections législatives, malgré un important travail de filtrage du parti. Lundi, une candidate en Seine-Saint-Denis a ainsi été épinglée par Mediapart pour avoir mis en location un appartement dans un immeuble insalubre.
Alors que le ministre de la Justice François Bayrou prépare un projet de loi de moralisation de la vie publique érigé comme la première mesure phare du quinquennat, ces affaires sèment le trouble et revigore les adversaires de M. Macron.
'Ça sent la carabistouille'
"Le gouvernement doit apporter les réponses (aux questions) que les Français se posent. M. Ferrand a surement des explications à donner, le gouvernement a surement un accompagnement à apporter", plaide François Baroin, chef de file LR pour les législatives.
"Ça sent la carabistouille cette affaire", grince de son côté le leader de La France insoumise, Jean-Luc Mélenchon, estimant qu'elle est "une excellente vitrine du macronisme réel", pris "la main dans le pot".
"Il ne fallait pas jouer les chevaliers blancs si la cape n'était pas si blanche que ce qu'il en avait dit", ironise-t-il encore.
Du côté de l'exécutif, on joue pour l'heure en rangs serrés.
M. Ferrand "a la confiance du Premier ministre", assure-t-on ainsi à Matignon. "Aucun des faits rapportés par les médias n'est répréhensible aux yeux de la loi", a encore fait valoir l'entourage du chef du gouvernement.
"On était jusque-là dans un ancien monde avec des règles insuffisantes en matière de transparence", temporise M. Castaner. "Je peux vous dire que le texte qui est en cours d'élaboration va beaucoup plus loin que ce que l'on peut penser", vante-t-il aussi.
Rallié à M. Macron, l'écologiste Daniel Cohn-Bendit dessine, lui, une autre porte de sortie. "Je dirais que le mieux pour le moment, c'est que Richard Ferrand démissionne en tant que ministre, et qu'il tente sa chance en tant que député", préconise-t-il dans Libération. "Vu l'ampleur de ce que veut faire Macron, il serait préférable que Ferrand le protège ainsi en se plaçant devant les électeurs."
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Canard Enchaîné: Ferrand parle de "dénonciations calomnieuses"
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