Dans une vidéo qu'elle indique avoir tournée ce mois-ci, L214, qui milite contre la maltraitance animale et la consommation de viande, montre des images d'un élevage propriété des Oeufs Geslin, dans la commune de Chauché (Vendée), et qui "détient près de 160.000 poules en cages", dont 80.000 dans le bâtiment filmé par l'association.
L214 dénonce, dans le communiqué accompagnant la vidéo, "des animaux dans un état déplorable et des conditions sanitaires exécrables", des poules "extrêmement déplumées, des parasites grouillant sur les oeufs, des poules blessées dans un état dramatique, des cadavres dans les cages, bloquant la circulation des oeufs".
"On demande au groupe Panzani de prendre ses responsabilités", a déclaré à l'AFP Johanne Mielcarek, une des porte-parole de L214, en exhortant le groupe agroalimentaire à "s'engager à exclure les oeufs de poules en cage de leur produits alimentaires".
Selon elle, cet élevage fournit à Panzani des "ovoproduits", c'est-à-dire des produits à base d'oeufs, qui peuvent notamment servir dans la fabrication des pâtes.
"L'association demande au groupe Panzani de cesser de s'approvisionner auprès de tout élevage de poules en batterie. Elle lance ce mardi une pétition et une campagne d'information publique interpellant le n°1 des pâtes alimentaires en France", indique L214 dans son communiqué.
Approvisionnement suspendu
Dans la matinée, Lustucru frais, société du groupe Panzani et client d'Oeufs Geslin, a annoncé son intention de "réaliser immédiatement un audit sur les conditions d'élevage de la société Geslin", confié à la société Bureau Veritas et de "suspendre tout approvisionnement auprès des oeufs Geslin dans l'attente des résultats" de cet audit.
"Nous avons aujourd'hui la certitude que nous n'avons jamais reçu de produit de l'élevage incriminé", a indiqué de son côté à l'AFP Antonio Fortunato, directeur financier du groupe Panzani, qui a réaffirmé que "la société Lustucru frais va porter plainte pour diffusion de fausses informations".
L'élevage pointé du doigt présente, selon l'association, "des non-conformités avec la réglementation imposant certains aménagements dans les cages, comme la présence de litières".
L214 a annoncé en conséquence porter plainte contre l'élevage "pour maltraitance" auprès du tribunal de grande instance de La Roche-sur-Yon et compte organiser un rassemblement mardi soir, devant un centre commercial à Paris.
Interrogé par l'AFP, le procureur de la Roche-sur-Yon Hervé Lollic ne pouvait à cette heure confirmer le dépôt de plainte.
'Indignation' de Lustucru
"Le CNPO (...) juge inadmissibles les conditions sanitaires de l'élevage" mis en cause, a réagi l'interprofession dans un communiqué, jugeant qu'elles "ne reflètent en rien" les pratiques des éleveurs français, et réclamant que des contrôles des services vétérinaires de l'État soient diligentés dans les plus brefs délais sur cette exploitation.
Cette nouvelle campagne de L214 intervient quelques mois après l'annonce par la filière française des poules pondeuses d'un objectif ambitieux: faire baisser l'élevage en cage en atteignant 50% d'élevage bio ou en plein air d'ici 2022.
L'interprofession de l'oeuf (CNPO) estime à 500 millions d'euros le montant des investissements nécessaires en cinq ans pour moderniser les élevages et ainsi tenir cet objectif, dont une participation de 100 millions d'euros demandée à ses clients, la grande distribution.
Dans le même temps, plusieurs acteurs majeurs de la grande distribution, comme Système U, Lidl, Monoprix ou Intermarché, ont annoncé leur voeu d'aller encore plus loin en n'utilisant plus d'oeufs issus de poules élevées en cages d'ici 2020. Un objectif impossible à tenir dans ce délai, estiment cependant les producteurs d'oeufs, qui estiment que la grande distribution devra peut-être demain se fournir à l'étranger pour tenir ses promesses aux consommateurs.
Lustucru Frais, qui affirme dans son communiqué partager "l'indignation" de ces derniers "face à ces images insoutenables", affiche pour sa part comme objectif "d'être à 100 % d'oeufs hors cage d'ici 2025".
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