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Tati: la justice accorde un délai pour améliorer les offres de reprise

Le tribunal de commerce de Bobigny, qui devait examiner lundi les offres de reprise de Tati et de trois autres enseignes d'Eram, avec en jeu le sort de plus de 1.700 emplois, a renvoyé le dossier au 19 juin, à la demande du CE de Tati, pour que les repreneurs améliorent leurs offres.

Tati: la justice accorde un délai pour améliorer les offres de reprise
Manifestation d'employés de Tati devant leur magasin de Lyon, le 22 mai 2017 - JEFF PACHOUD [AFP/Archives]

"Renvoi au 19 juin!" a lancé au micro Céline Carlen, de la CGT commerce Paris, à plus d'une centaine de salariés qui manifestaient devant le tribunal pour réclamer le maintien de leurs emplois.

"On remercie le juge de nous avoir écoutés", a réagi Nicole Coger (CGT Tati Barbès).

"Fondamentalement, c'est une décision sage, qui était souhaitée par un certain nombre de représentants des salariés. Ca devrait permettre une amélioration des offres", a réagi de son côté Michel Rességuier, le PDG de transition d'Agora Distribution (groupe Eram), qui rassemble les enseignes Tati, Fabio Lucci, Gigastore et Degrif'Mania (140 magasins au total).

En difficulté, Agora Distribution a été placé en redressement judiciaire le 4 mai.

Trois repreneurs sont sur sur les rangs, dont deux principaux. Le premier est le groupe Philippe Ginestet (GPG), du fondateur des magasins de déco Gifi, qui propose de reprendre 1.300 emplois directs et de conserver l'emblématique enseigne au vichy rose avec la reprise de 120 magasins (93 détenus en propre et 27 franchisés).

S'y ajouterait la reprise des 250 salariés des magasins franchisés et affiliés du groupe, ainsi que des reclassements chez Gifi.

Le second est un consortium regroupant Foir'Fouille, Centrakor, Stokomani, Maxi Bazar et, au dernier moment, Dépôt Bingo. Il propose la reprise de "95 magasins et 1.258 emplois, dont 69 salariés du siège", selon une source proche du dossier.

Enfin, l'enseigne Babou espère reprendre six magasins Tati en région parisienne.

Pour l'avocat du CE de Lilnat (société qui rassemble le plus grand nombre de salariés et de magasins Tati, NDLR), Mounir Bourhaba, ce report, accordé "pour laisser le temps aux repreneurs de combiner leurs offres et de les améliorer", est "une première victoire".

'Objectif: zéro licenciement'

"L'objectif, c'est zéro licenciement" et "une amélioration du PSE", a-t-il dit, en qualifiant les mesures d'accompagnement de ce plan de sauvegarde de l'emploi de "squelettiques, indigentes, inacceptables".

Selon la CGT, les mesures de reclassement pour les "400 à 600" salariés menacés de licenciement se montent aujourd'hui à "1.500 euros par salarié".

"Nous continuons d'exiger que les repreneurs, qui mettent entre 8 et 11 millions d'euros pour une entreprise qui en vaut 130 millions, fassent les efforts nécessaires pour ne pas mettre des centaines de salarié-e-s sur le carreau", a ajouté le syndicat.

En revanche, Tahar Benslimani (CFDT), élu au CE de Vetura, l'une des trois sociétés d'Agora Distribution, s'est dit "déçu" par un délai trop long.

"On espère qu'ils vont" en profiter pour "agréger l'offre du consortium à celle (du fondateur) de Gifi", qu'il juge la plus favorable, et ainsi sauver le maximum d'emplois, a-t-il ajouté.

Dans un communiqué, le CE de Vetura a demandé aux autres candidats repreneurs "de renoncer à leurs offres concurrentes" et assuré qu'il s'opposerait "par tous les moyens à une vente à la découpe de Tati et donc à l'offre du consortium".

Ce dernier s'est dit "totalement déterminé" à "l'emporter" et à "présenter l'offre la plus performante en matière de projet industriel et en matière d'emploi", selon un porte-parole, sans se prononcer sur l'amélioration de l'offre.

Le CE de Vetura a rappelé le gouvernement à son "engagement", non suivi d'effet jusqu'à présent: "convoquer la direction du groupe Eram ainsi que les candidats repreneurs pour les inciter à contribuer au financement du PSE".

Le tribunal "a clairement donné la direction" en demandant aux repreneurs "de travailler sur la complémentarité de leurs offres", s'est félicité de son côté Me Guilhem Bremond, avocat de GPG, pour qui "autour du projet Gifi" doit être organisée la cession de magasins "à des enseignes concurrentes".

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