Cible d'attaques de ténors de droite depuis plusieurs jours, ce soutien de la première heure d'Emmanuel Macron a essuyé lundi certains tirs venant aussi de gauche, tandis que la publication dans la presse du témoignage d'un avocat spécialisé dans les questions immobilières, aujourd'hui retraité, relançait le débat.
Premier secrétaire du Parti socialiste et candidat aux législatives, Jean-Christophe Cambadélis a estimé que le ministre de la Cohésion des territoires devait "évidemment" démissionner. "Il doit prendre en compte le fait que cette situation est intenable", a-t-il jugé sur franceinfo.
L'eurodéputé EELV Yannick Jadot, allié du candidat PS Benoît Hamon lors de la présidentielle, a estimé le maintien de M. Ferrand au gouvernement "injustifiable" d'un point de vue "éthique".
"Est-il indispensable que M. Ferrand reste ministre?" s'est interrogé de son côté Roger-Gérard Schwartzenberg, chef de file des députés PRG, parti d'où sont issus deux ministres, pensant "opportun" que le parquet ouvre une enquête.
Selon Le Canard enchaîné, les Mutuelles de Bretagne, dont Richard Ferrand était alors le directeur général, avaient souhaité en 2011 louer des locaux commerciaux à Brest pour ouvrir un centre de soins. L'entreprise avait choisi, entre trois propositions, celle d'une société civile immobilière, non encore constituée, appartenant à la compagne du ministre.
Cette affaire a été relancée lundi après la publication dans Le Parisien du témoignage d'un ancien bâtonnier de Brest, Alain Castel. Cet avocat dénonce la façon dont Richard Ferrand a procédé à l'acquisition, via la société de sa compagne, d'un immeuble à Brest pour les Mutuelles de Bretagne, parlant d'"enfumage".
"Je considère qu'il n'y avait pas de conflit d'intérêts", se défend toutefois M. Ferrand dans le quotidien, soulignant n'être "ni marié, ni pacsé" avec sa compagne, avec qui il n'a "pas de patrimoine commun".
'Pudeurs de gazelle'
"Les déclarations nouvelles qui ont été faites ne changent absolument rien, évidemment, à ce qui a été dit (...) par le Premier ministre", a ajouté lundi Richard Ferrand, invité par un journaliste à réagir au témoignage de l'avocat. Le ministre était alors à Deauville pour visiter un chantier de logements sociaux.
Fustigeant sur France 2 des "pudeurs de gazelle quelques années après" de l'ancien bâtonnier brestois, Benjamin Griveaux, porte-parole du mouvement d'Emmanuel Macron, a pour sa part renvoyé à la décision du parquet.
Vendredi le parquet de Brest a indiqué qu'il n'ouvrait pas d'enquête sur le volet immobilier et que le parquet national financier n'entendait pas se saisir de cette affaire.
Le Premier ministre Édouard Philippe, issu de LR, avait renouvelé vendredi sa confiance à M. Ferrand et considéré que les électeurs seraient "juge de paix". Le député du Finistère est en effet candidat à sa réélection.
Cela "ne change rien" non plus "à ce qui a déjà été dit par à la fois le parquet de Brest et le parquet national", financier, a ajouté Richard Ferrand, qui n'a pas souhaité en dire plus.
A droite, on ne se prive pas de souligner que le premier texte gouvernemental en préparation porte sur la moralisation de la vie publique et de dresser un parallèle avec l'affaire des emplois présumés fictifs dans la famille de François Fillon. Hasard du calendrier, l'ex-candidat de droite s'est rendu lundi matin chez les juges d'instruction.
"Il faut que le ministre lui-même prenne ses décisions, il faut que le garde des Sceaux (François Bayrou) sorte de sa torpeur et de son silence", a exhorté sur BFMTV François Baroin, chef de file LR pour les législatives.
"Il n'y a aucune complaisance à l'égard de quiconque (...), en même temps, nous ne cédons pas aux rumeurs", a plaidé sur France Inter le "M. Investitures" de REM Jean-Paul Delevoye.
De leur côté, les Mutuelles de Bretagne ont dans un communiqué assuré lundi que M. Ferrand avait agi en "parfaite conformité avec les mandats tenus par le conseil d'administration".
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