"On fait cela progressivement, on essaie logiquement de faire reprendre en premier ceux qui avaient été arrêtés en premier", a expliqué à l'AFP Richard Violle, technicien auprès de la Coopérative du foie gras de Chalosse (Landes).
Cette réintroduction d'animaux intervient après six semaines de vide sanitaire "obligatoire", mis en place dans 1.134 communes du Sud-Ouest pour tenter de juguler définitivement l'épizootie de grippe aviaire H5N8 apparue fin novembre et particulièrement virulente.
"C'est la levée du vide sanitaire, pas la reprise de l'activité", a souligné Lionel Candelon, porte-parole de l'association des Canards en colère.
"On pense que dans les trois semaines, 10 à 15% de la production aura redémarré, le problème c'est que pour que les 100% reprennent, ce sera septembre".
Mais déjà, des difficultés se font sentir pour remettre la machine en route.
"Beaucoup d'éleveurs n'ont pas retrouvé de canetons", a ainsi indiqué Bernard Malabirade, de la FDSEA du Gers.
L'épizootie a de fait affecté l'ensemble de la chaîne de production, y compris les couvoirs.
"Il faut planifier le travail de l'ensemble des éleveurs et gaveurs, et les cannes repro[ductrices] ont elles aussi été abattues ou ont été malades, il faut reconstituer ce cheptel reproducteur", a précisé Sylvie Robin, éleveuse pour la coopérative Vivadour, dans le Gers.
Sur son exploitation, elle pourra replacer des animaux seulement fin juillet. "On va être vide au total sept mois, donc sept mois de manque à gagner. En marge nette, il va nous manquer 70.000 euros", a-t-elle détaillé.
Fortes pertes
Les pertes financières de l'ensemble de la filières sont estimées à plus de 350 millions d'euros, selon le Comité interprofessionnel des palmipèdes à foie gras (Cifog).
Au total, ce sont près de 12 millions de canards perdus pour la production française, un chiffre qui inclus 4,5 millions d'animaux abattus dans le cadre du plan préventif du ministère de l'Agriculture du précédent gouvernement et 7,5 millions de palmipèdes qui n'ont pas pu être mis en production durant l'épizootie et le vide sanitaire.
Un dispositif d'aide devrait être mis en place par le gouvernement.
Mais, "il y a des retards, et nous avons fait des courriers pour signifier ça au nouveau ministre", a indiqué M. Malabirade.
"Tout le programme est dans les tuyaux, le ministre n'a qu'à appuyer sur le bouton. On attend que les engagements soient tenus, et dans les meilleurs délais".
D'autant que le éleveurs attendent également le versement du solde (30%) des indemnisations mis en place pour compenser les pertes liées à l'épidémie 2015-2015.
"Malheureusement, on n'a pas une date précise du versement de ce solde, ce qui créé de l'agacement", a déclaré à la presse Marie-Pierre Pé, déléguée générale du Cifog.
Le retour des palmipèdes "est quand même un soulagement, l'épidémie est derrière nous, on espère avoir une belle fin d'année", a ajouté M. Malabirade, de la FDSEA du Gers.
Du fait de la diminution de la production et des investissements nécessaires pour répondre aux nouvelles règles de production, il faut s'attendre à des hausses de prix du foie gras.
"Globalement on va avoir 20% de volume en moins à offrir par rapport à l'an dernier", a affirmé Jean-Jacques Caspari, également du Cifog.
L'organisme estime ainsi qu'environ 23 millions de canards seront produits en 2017, contre 29 millions en 2016 et 32 millions en 2015.
A LIRE AUSSI.
Grippe aviaire: vide sanitaire dans cinq départements du sud-ouest
Grippe aviaire: nouvel accès de fièvre dans le Sud-Ouest
Les foies gras bulgares et hongrois à l'assaut du monde
Grippe aviaire: les éleveurs revoient leurs pertes à la hausse
Envie d'afficher votre publicité ?
Contactez-nousEnvie d'afficher votre publicité ?
Contactez-nous
L'espace des commentaires est ouvert aux inscrits.
Connectez-vous ou créez un compte pour pouvoir commenter cet article.