Les policiers en armes ont ainsi investi, dans la nuit de jeudi à vendredi, une maison du quartier de Moss Side (sud) dans le cadre de l'enquête sur l'attentat de lundi, coupant la circulation et hurlant: "mains au sol! A terre!"
Un homme de 30 ans a été arrêté tandis qu'à proximité, la boutique d'un barbier a été perquisitionnée. Trois cousins de l'auteur de l'attentat, Salam Abedi, y auraient travaillé selon un commerçant du coin.
A la Salaam Community Association and Masjid, la mosquée locale installée dans un immeuble moderne, le responsable, Abdullah Norris a expliqué à l'AFP que Salman Abedi avait commencé à fréquenté les lieux en janvier, bien qu'il n'habite pas le quartier, mais pas régulièrement.
Le jeune homme a enfreint quelques règles, gardant par exemple ses chaussures dans une pièce où elles étaient prohibées, et il lui a été demandé de partir.
Salman 'a crié vengeance'
"Il était en colère. Il a dit que je ne devrais pas crier parce qu'il n'était pas un enfant. J'ai répondu: +si! tu en es un sinon tu ne te comporterais pas de cette manière+", s'est remémoré le responsable de 70 ans alors que les habitués de la mosquée arrivent pour la grande prière du vendredi.
Dans ce quartier délabré, la criminalité régnait même si la situation s'est améliorée ces dernières années.
Selon des médias britanniques, Salman Abedi n'aurait pas accepté la mort de l'un de ses amis, Abdul Wahad Hafidah, tué l'année dernière par un gang du quartier.
"Je me souviens que Salman a crié vengeance à ses funérailles", a déclaré un ami de la famille au Wall Street Journal.
Abdullah Norris dit ne rien savoir des activités de Salman Abedi en dehors des séances de prières et de lecture du Coran.
Mais "depuis que notre communauté musulmane s'est installée à Moss Side, c'est devenu un bien meilleur endroit", assure-t-il.
L'attentat contre la salle de concert était au coeur des discussions lors de la prière où l'imam a cherché à rassurer les croyants et a appelé à l'unité.
"La plupart des informations données par la mosquée sont: restez calme, ça a eu lieu, évidemment nous ne validons pas, nous ne tolérons pas ce genre de choses et ce n'est pas ce que nous pratiquons", a rapporté ensuite le septuagénaire.
Un fidèle de 22 ans a tenu à rappeler que beaucoup était fait pour empêcher les jeunes de se radicaliser sur internet.
"Parfois, quelqu'un peut essayer de vous radicaliser mais si vous avez un caractère fort, c'est impossible. Ils ciblent en général quelqu'un de vulnérable qui peut être la proie de leur idéologie", a-t-il dit à l'AFP.
Après les gangs, les terroristes
Les habitants du quartier le décrivent comme accueillant et multiculturel même s'ils se souviennent de jours plus sombres.
"Ca a toujours été un endroit charmant pour vivre et j'ai toujours apprécié la façon dont on peut rencontrer des gens de tous horizons ici", martèle August Urquhart, un étudiant.
Devant la boutique du barbier perquisitionnée, les riverains partagent leur surprise d'avoir vu l'enquête antiterroriste arriver jusqu'à leur porte.
"J'ai vécu ici, j'ai vu des gens se faire tuer, assassiner, kidnapper. Cela fait juste passer les choses à un autre niveau", avance Paul, un habitant de 49 ans qui salue la baisse de la criminalité dans le quartier.
Pour Del Davies, un employé de la pharmacie voisine, si la police est venue à bout des gangs, il n'y a pas de raison qu'elle n'en fasse pas de même avec les terroristes.
"Depuis que les idiots ont arrêté de se tirer dessus... c'est sacrément mieux", a-t-il confié à l'AFP.
"La plupart d'entre eux sont en prison. S'ils peuvent le faire avec eux, je suis sûr qu'ils peuvent y arriver avec ceux-là".
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