Mardi 2 mai 2017, un arrêté de la préfecture de région Normandie autorise le port de Rouen à enfouir les déchets issus du dragage de la Seine, au large de Deauville. L'annonce fait l'effet d'une bombe. Dans l'ombre, la contre-offensive se prépare. "Nous considérons que les boues de ce fleuve rejetées dans la mer sont toxiques, explique d'emblée le maire de Cabourg, Tristan Duval, très inquiet pour la faune et la flore marines, ainsi que pour l'impact sur les côtes du Calvados." S'il fédère depuis plusieurs semaines des élus issus de communes côtières, il sait qu'il peut s'appuyer sur le soutien du Groupement régional des associations de protection de l'environnement de Normandie (Grape), dont le siège est basé à Hérouville Saint-Clair.
Dispersion des sédiments
"Nous confirmons la pollution de ces sédiments depuis des décennies avec des dépôts de métaux lourds, comme du plomb ou du mercure, précise Henri Luquet, administrateur du Grape. D'ailleurs ce n'est pas un hasard si la baignade est interdite dans la Seine depuis 1923 !" Il dénonce également un projet qui doit permettre à des bateaux plus gros de naviguer sur ce fleuve, avec des conséquences néfastes pour les berges, "sans oublier le souffre rejeté par les handymax, ces gros bateaux pollueurs. Et puis nos techniques de clapage n'ont pas évolué depuis un siècle avec un déversement en vrac des sédiments entraînant une forte dispersion avant de gagner le fond de la fosse." Plusieurs études montrent qu'au moins 25% des sédiments, au moins, n'atteignent pas la destination initialement visée. "Avec les courants, la dispersion peut atteindre plusieurs kilomètres", évoque Tristan Duval. À plusieurs reprises, le comité des pêches du Calvados a lui aussi manifesté son inquiétude quant à l'épandage des boues marines, participant avec d'autres éléments (zones protégées, extraction de granulat, éolien en mer...), au rétrécissement des zones d'exploitation.
• Lire. Le port de Rouen autorisé à enfouir ses sédiments
Recours en perspective
Vendredi 27 janvier 2017, la commission d'enquête avait rendu un avis favorable pour l'exploitation du Machu, le nouveau site d'enfouissement à 18 km au large de Deauville. Pendant l'enquête publique menée fin 2016, 94 dépositions ont été remises à la commission, dont 58 défavorables. "Parmi les sites restés en lice, le site optimal sur le plan environnemental, technique et économique s'est révélé être le site de Machu", indiquait la commission dans son rapport, et de préciser pour les collectivités du bord de mer : "L'éloignement du site permet de n'avoir aucune conséquence sur leurs plages."
Le Grape entend déposer avant la fin du mois de juin, auprès des trois préfets concernés, un recours contentieux, demandant l'annulation de l'arrêté. En cas de refus, l'affaire sera portée devant le tribunal administratif. "Nous ne sommes pas contre le port de Rouen, mais nous voulons qu'une partie de ces sédiments soient traités différemment. Ils pourraient notamment servir dans le BTP si nous nous en donnions les moyens".
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