Après les classes creuses nées de 1988 à 1992, la relève semble mettre le nez à la fenêtre pour contester la domination des trentenaires, Nadal, qui fêtera son 31e anniversaire pendant le tournoi (le 3 juin), Novak Djokovic et Andy Murray, qui viennent juste de passer le cap ce mois-ci, et Roger Federer, le doyen, 36 ans cet été, grand absent de la quinzaine.
Alexander Zverev, né en 1997, est présenté comme le grand champion de demain. Grand échalas de 1,98 m au jeu extrêmement complet, il vient de frapper son premier grand coup à Rome en ouvrant son palmarès en Masters 1000. En finale, Novak Djokovic a été balayé 6-4, 6-3.
D'origine russe et installé en Allemagne dans sa petite enfance avec ses parents et son frère aîné Mischa, en piste aussi à Roland-Garros, Zverev n'a encore jamais battu Nadal en trois duels. Mais à Melbourne, en janvier, il l'avait poussé à un rude combat en cinq sets.
Placé dans la partie haute du tableau où ne se trouvent ni Nadal ni Djokovic, l'Allemand pourrait d'abord faire des misères à Andy Murray en huitième de finale. Le N.1 mondial et finaliste sortant est une proie tentante après une préparation catastrophique. S'il poursuivait, son rival en demie pourrait être Stan Wawrinka, discret ces temps-ci.
L'expérience incomparable du Majorquin
En revanche Dominic Thiem, né en 1993, a déjà accroché le Majorquin à son tableau de chasse. Il est même le seul à l'avoir dominé cette saison sur terre battue, en quarts de finale à Rome. C'était leur troisième duel en trois semaines après les victoires de Nadal en finale à Barcelone (6-4, 6-1) et à Madrid (7-6, 6-4).
Titré cette année à Rio sur sa surface préférée, l'Autrichien, âgé de 23 ans, poursuit sa montée en puissance. Puissance, c'est d'ailleurs le mot qui le définit le mieux. Son coup droit extrêmement lifté fait de lui un digne candidat à la succession de Thomas Muster, l'unique vainqueur autrichien à Paris (1995).
Son duel avec Djokovic prévu pour les quarts de finale pourrait être l'un des tournants de la quinzaine, le vainqueur allant défier Nadal en demie. Ce sera l'occasion pour le Serbe, tenant du titre en plein doute depuis l'année dernière, de vérifier l'existence d'un effet Agassi, quelques jours après le début de sa collaboration avec l'ancien champion américain.
Il y a de bonnes chances pour qu'un jour ou l'autre Zverev ou Thiem parviennent à soulever la Coupe des Mousquetaires. Mais ne sont-ils pas encore un peu tendres pour y parvenir dès cette année face à l'incomparable expérience de Nadal?
Depuis deux décennies, deux joueurs seulement ont gagné Roland-Garros à l'âge de Zverev ou plus jeune: Nadal en 2005 et Gustavo Kuerten en 1997. Deux autres vainqueurs avaient l'âge de Thiem: Juan Carlos Ferrero en 2003 et Carlos Moya en 1998. On ne trouve qu'un finaliste de 23 ans ou moins, Guillermo Coria en 2004.
L'avantage de l'Espagnol dans ce domaine est écrasant: 74 matchs disputés à Paris, dont seulement deux perdus, en 2009 contre Robin Soderling et en 2014 face à Djokovic. Cette saison, c'est le vrai Nadal qui revient. Déjà très bon sur dur (finales à l'Open d'Australie et à Miami), il a gagné trois tournois de préparation (Monte-Carlo et Barcelone pour la dixième fois, Madrid pour la quatrième), soit autant que lors de ses grandes années.
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