A Trafalgar Square dans le coeur de Londres, et dans tout Manchester (nord-ouest), les Britanniques ont observé une minute de silence à la mémoire des 22 morts, dont bon nombre d'enfants et adolescents.
Place St Ann, la foule a entonné "Don't look back in anger" (ne rumine pas la colère) du groupe mancunien Oasis.
"C'est un deuil pour chacun d'entre nous. C'est comme si nos propres familles venaient de disparaître", a dit à l'AFP Carmel McLaughlan, 69 ans, à côté de milliers de fleurs. "Le chagrin recouvre tout la ville en ce moment. Tout cela reste difficile à croire".
L'attentat à la fin du concert de la chanteuse pop américaine Ariana Grande lundi soir a également fait 75 blessés, selon un nouveau bilan. Son auteur, tué dans l'explosion, Salman Abedi, est un jihadiste britannique d'origine libyenne de 22 ans. L'attentat a été revendiqué par le groupe Etat islamique, qui a menacé d'en commettre d'autres.
Sur la liste des personnes tuées dans l'attentat figure une policière qui était de repos, a précisé la police.
Visite royale
Exaspérée par des fuites dans les médias américains, la Première ministre Theresa May a évoqué la question avec Donald Trump en marge du sommet de l'Otan à Bruxelles jeudi, afin que les informations échangées entre services de renseignement restent "confidentielles".
Le président américain a immédiatement fait savoir dans un communiqué qu'il voulait "poursuivre" les auteurs de ces fuites, réaffirmant la "relation spéciale" des Etats-Unis avec le Royaume-Uni. Et il a demandé, au cours du sommet, un "moment de silence" pour les victimes de l'attentat.
La police de Manchester avait suspendu le partage d'information avec Washington, mais le chef de l'anti-terrorisme britannique, Mark Rowley, a indiqué que les échanges avaient repris après que Londres a reçu "de nouvelles assurance".
En guise d'amende honorable, son secrétaire d'Etat Rex Tillerson fera sa première visite à Londres dès vendredi pour exprimer "sa solidarité" après l'attentat.
Les enquêteurs poursuivaient pendant ce temps leur patient travail de remontée de la piste du réseau qui a soutenu le kamikaze, arrêtant deux nouvelles personnes dans l'agglomération de Manchester. La police locale a assuré que le profil des huit hommes interpellés depuis mardi, pour la plupart dans cette métropole, était "intéressant" et que des perquisitions se poursuivaient jeudi.
La reine Elizabeth s'est rendue au chevet des blessés jeudi matin, portant couleurs vives, manteau bleu roi et chapeau orange. Sur 64 blessés, une vingtaine restaient en soins intensifs. "C'est horrible. Très mal de prendre pour cible ce genre de choses", a-t-elle dit à Evie Mills, 14 ans, et à ses parents.
Dans un élan de solidarité, les clubs de football Manchester City et Manchester United ont annoncé qu'ils allaient verser un million de livres (1,15 million d'euros) au fonds d'urgence mis en place pour venir en aide des victimes.
La police antiterroriste a regretté la "divulgation non autorisée" d'informations notamment aux Etats-Unis sur l'attentat, jugeant que cela "nuisait" à l'enquête.
Des images de la police britannique reproduites par le New York Times montrent un détonateur que le kamikaze aurait tenu dans sa main gauche, des morceaux de métal et des vis jonchant le sol taché de sang, ainsi que des fragments d'un sac à dos bleu déchiqueté.
Ces éléments, analysés par des artificiers interrogés par le quotidien, permettent d'affirmer que la bombe était "puissante, dotée d'une charge ultra-rapide, mais aussi que les morceaux de métal ont été disposés avec soin et méthodiquement" pour faire le maximum de dégâts.
Jeudi, la BBC a affirmé que la police de Manchester avait ainsi cessé de transmettre des informations sur l'enquête aux autorités américaines.
- Désir de vengeance
A Tripoli, le gouvernement d'Union nationale (GNA) a affirmé "coopérer étroitement" avec les autorités britanniques. Les services de sécurité libyens ont arrêté mardi un frère du kamikaze, Hachem, puis son père, Ramadan Abedi, mercredi.
Hachem, qui a revendiqué son appartenance à l'EI, "était au courant du projet" de son frère et a reconnu avoir été présent en Grande-Bretagne dans la phase de préparation de l'attentat, selon la Force de dissuasion, qui fait office en Libye de police loyale au GNA.
L'enquête commence à lever le voile sur l'auteur de l'attentat, Salman, qui a baigné dans un contexte familial jihadiste et était animé par un désir de "vengeance", selon ses proches.
Né à Manchester de parents libyens ayant fui le régime de Mouammar Kadhafi, il s'était récemment rendu en Libye avant de regagner la Grande-Bretagne quatre jours avant.
Il était "plutôt à l'écart, tranquille et réservé", a dit à l'AFP un porte-parole de la communauté libyenne à Manchester, Mohamed Fadil. "Les gens savaient qu'il avait des problèmes de comportement, il n'était pas respectueux ni poli, plutôt introverti et très bizarre, on dit dans la communauté qu'il buvait de l'alcool et fumait de l'herbe", a-t-il assuré.
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