Acculé par de graves accusations de corruption, le chef d'État de 76 ans, dont le mandat ne tient qu'à un fil, a dû faire marche arrière dès jeudi matin.
Cette mesure extrême avait déclenché une pluie de critiques dans un pays encore marqué par les années de plomb de la dictature militaire (1964-1985).
Au total, 1.500 soldats avaient été déployés mercredi après-midi en raison des heurts ayant éclaté lors d'une grande manifestation réclamant la démission du président et la fin des mesures d'austérité promues par le gouvernement.
Une mobilisation, à l'initiative de plusieurs syndicats et du Parti des travailleurs (PT, gauche), a rassemblé mercredi 45.000 personnes selon les autorités, 100.000 pour les organisateurs.
La manifestation a dégénéré quand quelques individus encagoulés ont commencé à s'en prendre aux immeubles des ministères et à jeter des pierres sur les forces de l'ordre.
La capitale était plongée dans la confusion la plus totale, sous un nuage de gaz lacrymogène. Selon un bilan des autorités, 49 personnes ont été blessées, dont une par balle, sept ont été arrêtées et huit ministères ont été détériorés.
Le ministère de l'Agriculture a notamment été évacué après un incendie déclenché dans une salle par des manifestants qui avaient fait irruption dans les locaux.
'Voie constitutionnelle'
"Nous n'avions pas d'autre alternative pour préserver la sécurité des fonctionnaires et empêcher la destruction du patrimoine. Il fallait mettre en terme à la barbarie", a affirmé jeudi le ministre de la Défense Raul Jungmann, peu après le rappel des troupes.
Sur l'esplanade des Ministères, dont les immeubles portaient encore les stigmates des détériorations de la veille, la mesure était loin de faire l'unanimité.
"Ce n'était pas justifié, la police aurait très bien pu remplir cette mission. C'était une mesure désespérée, qui montre juste que le gouvernement est en train d'agoniser", s'insurge Renata Maia, fonctionnaire du ministère des Sciences et Technologies, qui déjeunait avec sa collègue non loin des éclats de vitre.
Le président Temer est en pleine tourmente depuis la semaine dernière, quand a été rendu public un enregistrement dans lequel il paraît donner son accord au versement de pots-de-vin.
En plus de la pression populaire, il fait face à la menace d'éclatement de sa coalition parlementaire, alors que les appels à la démission fusent de toute part.
"S'il doit quitter le pouvoir, ce sera par la voie constitutionnelle", a toutefois affirmé mercredi soir le sénateur Tasso Jereissati, président du parti social-démocrate (PSDB), allié-clé du gouvernement.
Jugement décisif
Une enquête pour corruption passive et entrave à la justice a été ordonnée par la Cour suprême et 16 motions ont été déposées pour tenter d'obtenir sa destitution.
La dernière en date a été déposée jeudi par l'Ordre des avocats du Brésil, qui avait joué un rôle important l'an dernier, lors de la destitution de la dirigeante de gauche Dilma Rousseff, remplacée alors par le conservateur Michel Temer, qui était son vice-président.
Mais pour de nombreux parlementaires, le destin de M. Temer devrait être scellé par le Tribunal supérieur électoral (TSE), qui juge à partir du 6 juin des irrégularités dans le financement de sa campagne aux côtés de Mme Rousseff en 2014.
Une source présidentielle a assuré à l'AFP que le chef d'État "reste déterminé à oeuvrer pour sortir de la crise" et ses alliés misent sur une procédure à rallonge du TSE pour gagner du temps et restaurer sa crédibilité.
En vertu de la Constitution, si M. Temer est destitué ou démissionne, la chambre des députés sera chargée de désigner son successeur dans les 30 jours.
Mais beaucoup de Brésiliens refusent ces élections indirectes, en raison du prestige terni du Parlement, dont des dizaines de membres sont visés par des enquêtes pour corruption.
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