Abedi était connu des services de renseignement britanniques et "appartenait au groupe Etat islamique", a dit son jeune frère Hachem, arrêté mardi en Libye et interrogé par les services libyens.
Salman Abedi est né à Manchester, troisième ville britannique, où vit une importante communauté libyenne.
Son père Ramadan était membre du Groupe islamique combattant libyen (Gicl) très actif dans les années 1990 et hostile au régime de Mouammar Kadhafi, selon un responsable de la sécurité libyen.
Traqué par le régime Kadhafi, comme les autres membres du Gicl, Ramadan Abedi avait trouvé refuge en Grande-Bretagne, d'abord à Londres puis à Manchester, où la famille s'installe dans une banlieue résidentielle modeste, Fallowfield.
Les Abedi fréquentent la mosquée locale de Didsbury. Ramadan y faisait l'appel à la prière, et l'un des frères Abedi, Ismael, 23 ans, arrêté par la police immédiatement après l'attentat selon les médias britanniques, y avait fait du bénévolat.
Salman Abedi avait entamé en 2014 des études de commerce et de management à l'université de Salford, dans l'agglomération de Manchester, mais avait abandonné après un an.
Il était "plutôt à l'écart, tranquille et réservé", a dit à l'AFP un porte-parole de la communauté libyenne à Manchester, Mohamed Fadil. "Les gens savaient qu'il avait des problèmes de comportement, il n'était pas respectueux ni poli, plutôt introverti et très bizarre, on dit dans la communauté qu'il buvait de l'alcool et fumait de l'herbe", a-t-il assuré.
Un ami poignardé
"J'ai entendu la réaction de son père après l'attentat, il était en colère et il a dit: +ce n'est pas mon fils+", a-t-il expliqué, voulant voir dans ses séjours en Libye l'origine de sa radicalisation.
L'une des motivations d'Abedi pourrait avoir été le désir de vengeance après la mort en mai 2016 d'un ami poignardé par un groupe de jeunes Britanniques, selon un proche à Tripoli.
"Cet incident a suscité un sentiment de colère chez les jeunes Libyens de Manchester et surtout chez Salman qui a exprimé clairement son désir de vengeance", a-t-il dit à l'AFP. "Nous avons réussi à calmer les jeunes du quartier qui se sentaient visés par l'attaque en tant que musulmans, mais il semble que Salman n'a pas oublié l'incident", a-t-il ajouté.
Selon les médias britanniques, l'ami présumé de Salman, Abdul Wahab Hafidah, avait été pourchassé puis tué par un groupe de jeunes, dont le procès est toujours en cours.
Sa soeur Jomana, interrogée par le Wall Street Journal, donne une autre raison à ce désir de vengeance: "Il a vu des enfants --des enfants musulmans-- mourir dans le monde et il voulait les venger. Il a vu les bombes que l'Amérique a lâché sur des enfants en Syrie et il voulait les venger".
Quatre jours avant l'attentat, selon un proche de la famille qui vivait lui aussi à Manchester, Salman Abedi se trouvait en Libye. "Son père voulait qu'il reste en Libye. Mais Salman a insisté pour rentrer à Manchester", a-t-il dit sous couvert de l'anonymat.
Ramadan Abedi était rentré dans son pays en 2011 pour combattre aux côtés des rebelles les forces de Kadhafi pendant la révolte qui a renversé le dictateur, selon des médias britanniques.
Selon le Wall Street Journal, Salman l'aurait accompagné.
Six ans après la révolte, la Libye est plongée dans le chaos et le groupe Etat islamique, qui a revendiqué l'attentat, y est implanté même s'il a subi des revers récemment à Syrte, dans le nord.
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