Les anciens de la mosquée Didsbury, un bâtiment victorien en briques rouges, s'inquiètent d'une recrudescence d'actes islamophobes après l'attentat.
"Cet acte lâche" n'a "pas sa place dans notre religion", a déclaré un responsable, Fawzi Haffar, devant le bâtiment, entouré de fidèles. A l'issue d'une minute de silence, il a remercié tous ceux qui étaient venus au secours des victimes et appelé "quiconque ayant des informations à contacter sans délai la police".
Cette mosquée, dans un quartier arboré du sud de l'agglomération, est fréquentée par de nombreux étudiants. "C'est l'une des plus attractives, on ne prêche que l'amour ici", assure auprès de l'AFP Javed Akhtar, devant le bâtiment protégé par des policiers.
Il n'a jamais rencontré le kamikaze de 22 ans, d'origine libyenne, mais se dit incrédule, ne pouvant pas imaginer "qu'un type d'ici, qui a fréquenté cet endroit, ait pu faire un truc aussi épouvantable".
Le père du kamikaze a parfois appelé à la prière dans ce lieu et son frère Ismaël y a été un bénévole, selon des médias britanniques.
M. Haffar n'a pas précisé le lien du terroriste présumé à sa mosquée, mais a démenti des informations de presse affirmant qu'il y aurait travaillé. "Ce n'est pas vrai".
Un imam, Mohammed Saeed, a raconté au Guardian avoir prêché en 2015 contre les démons du terrorisme, s'attirant un regard noir de Salman Abedi, un vrai "visage de haine" selon ses termes.
Jihad numérique
Depuis l'attentat, le mystère reste entier sur la radicalisation du jeune homme, né et élevé à Manchester au sein d'une famille très croyante, et les différentes étapes qui l'ont conduit à mener un attentat revendiqué par l'organisation Etat Islamique.
Azher Mahmood, fidèle de 57 ans à la mosquée Didsbury, assure à l'AFP que les imams dénoncent régulièrement le jihadisme. "Ils recommandent de rester bien loin des groupes radicalisés, surtout aux plus jeunes".
L'avancée de Salman Abedi sur le chemin de l'extrémisme pourrait s'être faite sur internet et les réseaux sociaux, suggère-t-il. "C'est l'un des endroits les plus redoutables" pour trouver de la propagande jihadiste.
Mohammed Shafiq, de la Fondation Ramadan basée à Manchester, partage cette analyse: "Il faut reconnaître et accepter que le problème ne vient pas de mosquées, un énorme travail y a été fait contre la radicalisation".
Des extrémistes déforment les textes sacrés en ligne pour recruter, affirme-t-il à l'AFP, estimant qu'il faut cependant davantage dialoguer avec des jeunes dont les voix sont "constamment ignorées" dans leur quotidien.
A Didsbury, certains craignent des représailles contre les musulmans après l'attentat de lundi. Quelques heures après, un homme avait mis le feu à l'entrée d'une mosquée de la ville, selon des images publiées par le Manchester Evening News.
"On s'inquiète des actes anti-musulmans qui nous sont rapportés, des agressions verbales aux attaques contre des mosquées", affirme M. Haffar. Mais cela n'empêche pas la mosquée de se sentir profondément mancunienne. "Manchester est une ville formidable promise à un avenir prospère et brillant".
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