Portant des t-shirts rouges avec le slogan "Pas un droit de moins" et des autocollants "Dehors Temer", environ 25.000 personnes se préparaient à la mi-journée à défiler en direction du Parlement, selon les chiffres des services de sécurité des autorités locales.
Francisca Gomes, concierge de 59 ans venue de Sao Paulo, portait avec trois camarades un cercueil en carton noir avec des portraits du président conservateur et des croix blanches disant "Repose en paix Temer".
"C'est la fin de ce gouvernement putschiste", affirme-t-elle, en allusion à la façon dont Michel Temer, 76 ans, a accédé au pouvoir en 2016, en remplacement de la dirigeante de gauche Dilma Rousseff, destituée par le Parlement pour maquillage des comptes publics.
"Le peuple est dans la rue pour ça (réclamer le départ de Temer, ndlr). Ils n'avaient qu'à pas voler le Brésil", ajoute-t-elle.
Ces manifestations ont été convoquées par Força Sindical (un syndicat modéré) et la Centrale unique des travailleurs (CUT), aux côtés du Parti des travailleurs (PT, gauche) de Mme Rousseff, ainsi que plusieurs autres mouvements sociaux.
Si elles sont un succès, elles accentueraient la pression sur le chef de l'Etat, au pouvoir jusqu'à fin 2018.
Les appels à sa démission se multiplient depuis la semaine dernière, quand a été révélé un enregistrement dans lequel il paraît donner son accord au versement de pots-de-vin.
Rejetant fermement cette option, le chef de l'Etat est toutefois menacé par un possible éclatement de sa coalition, tandis qu'une enquête a été ordonnée par la Cour suprême et que plusieurs motions de destitution ont été déposées à son encontre.
'Des élections directes, maintenant'
La pression populaire, qui avait beaucoup pesé dans l'éviction de Mme Rousseff en août 2016, pourrait également sceller son sort, veut croire Dorival Pereira, commerçant de 60 ans qui a voyagé pendant 18 heures depuis l'Etat de Mato Grosso du Sul pour pouvoir manifester à Brasilia.
"En démocratie, quand le peuple est dans la rue, aucun gouvernement ne résiste. Et le peuple le fera tomber", affirme-t-il, vêtu d'un t-shirt réclamant "Des élections directes, maintenant".
Selon la Constitution, si M. Temer est destitué ou démissionne, la chambre des députés sera chargée de désigner son successeur d'ici 30 jours.
Mais beaucoup de Brésiliens refusent ces élections indirectes, notamment en raison du prestige terni du Parlement, dont des dizaines de membres sont visés par des enquêtes pour corruption.
"Il n'y a pas d'autre sortie que des élections directes car l'exécutif comme le Parlement se sont unis pour massacrer les travailleurs et voler le pays", estime Dorival.
Les Brésiliens sont exaspérés par les scandales à corruption qui s'enchaînent ces dernières années, surtout le dernier, gigantesque, entourant le géant pétrolier Petrobras, qui a éclaboussé une grande partie de la classe politique. Dans cette affaire, le président Temer est accusé d'obstruction à la justice.
La journée de mobilisation de mercredi vise aussi à rejeter les réformes d'austérité promues par M. Temer pour sortir la première économie d'Amérique latine de sa récession historique.
Elles incluent notamment le gel des dépenses publiques pendant 20 ans, le recul de l'âge de départ à la retraite et l'assouplissement des lois du travail.
Mais la crise politique actuelle pourrait justement freiner ces réformes libérales et retarder la reprise, ce qui inquiète les marchés: Bourse et réal se sont d'ailleurs effondrés la semaine dernière à l'annonce des révélations visant le chef de l'Etat.
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