M. Trump, qui s'est familiarisé lundi avec certaines réalités du conflit israélo-palestinien à Jérusalem et lors de ses entretiens avec les dirigeants israéliens, devrait découvrir un autre narratif en se rendant à Bethléem à la rencontre de M. Abbas.
Après s'être recueilli devant le mur des Lamentations, haut lieu du judaïsme, M. Trump ne devrait pas manquer mardi de voir ou d'entrevoir sur son trajet un autre mur: celui qu'Israël a construit face à la Cisjordanie pour se protéger selon l'Etat hébreu des attaques palestiniennes.
Une grande partie de la ville de Bethléem vit à l'ombre du mur, "barrière de sécurité" pour les Israéliens, "mur de l'apartheid" pour les Palestiniens dont il empoisonne la vie.
En Israël comme en Cisjordanie, celui qui ambitionne de présider à l'accord diplomatique "ultime", pourra se convaincre si, oui ou non, faire la paix "n'est peut-être pas aussi difficile que les gens le croient depuis des années", comme il l'a dit en mai devant M. Abbas à la Maison Blanche.
'Nouveau partenariat possible'
A l'épreuve du pouvoir, M. Trump s'est notablement ravisé sur un certain nombre de questions relatives au conflit.
Lundi à Jérusalem, lors de déclarations au côté du Premier ministre Benjamin Netanyahu, il semble en avoir encore rabattu. "On m'a dit que, de tous les accords, c'était l'un des plus durs, mais j'ai l'impression que nous finirons par y arriver. J'espère".
En Israël, où il est arrivé lundi pour sa première visite, M. Trump a exposé une vision du règlement du conflit inscrite dans la résolution des maux de la région.
La convergence d'intérêts entre les pays arabes et Israël face à la menace de l'extrémisme et de l'Iran représente une "rare opportunité", y compris pour mettre fin à l'un des plus vieux conflits de la planète, a-t-il dit.
M. Trump a cité maintes fois le nom du roi Salmane, souverain d'Arabie saoudite, étape inaugurale de son premier voyage à l'étranger et partenaire incontournable de l'effort de paix, même si Israël n'a pas de relations diplomatiques avec elle.
"Je crois qu'un nouveau niveau de partenariat est possible", a dit M. Trump. "Pour la première fois de ma vie, je vois un réel espoir de changement", a abondé le Premier ministre israélien.
L'horizon israélo-palestinien a pourtant rarement paru plus sombre depuis des années. Les dernières négociations, sous les auspices américaines, ont capoté en 2014. 2017 marque cinquante années d'occupation et de colonisation israéliennes des Territoires palestiniens.
'Un projet clair'
M. Trump s'est gardé depuis son arrivée en Israël de toucher publiquement à des questions concrètes, comme la colonisation, la violence palestinienne ou le statut de Jérusalem. Il a donné beaucoup de gages aux Israéliens en proclamant les "liens indestructibles" entre Israël et les Etats-Unis et en devenant le premier président américain en exercice à se rendre au mur des Lamentations.
Une fois investi, M. Trump avait semé le trouble et alarmé les Palestiniens en prenant ses distances avec la solution dite à deux Etats, impliquant la création d'un Etat palestinien indépendant.
Son conseiller à la Sécurité nationale, le général HR McMaster, a cependant signifié qu'à ce propos aussi le président pourrait avoir évolué. Quand il rencontrera M. Abbas, M. Trump exprimera son "désir de dignité et d'autodétermination pour les Palestiniens", a-t-il dit.
M. Abbas entend bien redire à M. Trump les aspirations palestiniennes à l'indépendance. "Lors de sa visite à Washington (en mai), il a pu exposer la vision palestinienne", dit à l'AFP un conseiller de M. Abbas, Hossam Zomlot.
"Notre projet pour la paix est clair. Il est soutenu au niveau national et régional. Il fait l'objet d'un consensus international clair", selon lui.
Cependant, c'est à un président palestinien considérablement affaibli par les dissensions intestines que M. Trump aura affaire. Impopulaire, dépourvu à présent de légitimité électorale, M. Abbas est embourbé dans la crise des centaines de Palestiniens en grève de la faim dans les prisons israéliennes.
Dans l'après-midi, M. Trump déposera une gerbe au mémorial de la Shoah à Jérusalem. Il prononcera un discours au musée d'Israël avant de s'envoler pour le Vatican.
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