La Commission européenne a donné un premier feu vert lundi, en attendant une confirmation par le Conseil européen en juin. "C'est une très bonne nouvelle pour le Portugal", a commenté le commissaire européen aux Affaires économiques Pierre Moscovici.
Le Portugal, en déficit excessif depuis 2009, a réussi en 2016 à passer pour la première fois sous la limite des 3% fixée par les règles européennes. Son déficit a été divisé par deux, à 2% du PIB, contre 4,4% un an auparavant.
La décision de Bruxelles a été unanimement saluée. "Nous sommes à un tournant. C'est un succès national et le mérite de tous les Portugais", a réagi le Premier ministre socialiste Antonio Costa. Et même son prédécesseur de droite, Pedro Passos Coelho, a tenu à "féliciter le gouvernement".
Soucieux de rassurer les commissaires sur sa rigueur budgétaire, l'exécutif s'est engagé à ramener son déficit à 1,5% du PIB cette année, puis 1% en 2018 avant de viser l'équilibre budgétaire en 2020.
Un programme ambitieux qui vise aussi à faire taire les chantres de l'orthodoxie budgétaire comme le ministre allemand des Finances Wolfgang Schäuble qui, en juin 2016, prédisait au Portugal un nouveau plan de sauvetage "s'il ne respectait plus ses engagements".
Bonnes nouvelles
A l'époque, le Portugal, à l'instar de l'Espagne, était menacé de sanctions financières pour avoir laisser déraper le déficit en 2015. La Commission européenne, sous pression après le Brexit, avait fini par renoncer à infliger des amendes.
L'arrivée au pouvoir en novembre 2015 d'un gouvernement socialiste appuyé par des partis de gauche anti-austérité avait suscité l'inquiétude des marchés financiers.
Désormais, le Portugal figure parmi les pays vertueux de la zone euro en matière budgétaire, contrairement à son voisin espagnol, qui a dû se contenter d'un déficit de 4,5% du PIB en 2016. Et la France a raté de peu son objectif avec 3,4%.
Pour juguler les déficits, le gouvernement a dû tailler dans l'investissement public, en chute de 30% en 2016. Mais l'alliance de la gauche a également redonné du pouvoir d'achat aux Portugais, en augmentant les prestations sociales et en diminuant la charge fiscale pesant sur les salaires.
Déficit au plus bas depuis 1974, croissance au plus haut depuis dix ans au premier trimestre 2017 (2,8%) et taux de chômage ramené en dessous de la barre des 10%: le Portugal a multiplié les bonnes nouvelles sur le front de l'économie.
Dette élevée
Mais la dette publique s'est alourdie l'an dernier à 241 milliards d'euros, soit 130,4% du PIB, la troisième plus élevée de la zone euro derrière la Grèce et l'Italie.
D'où la réticence des grandes agences de notation à sortir la note de la dette souveraine du Portugal de la catégorie des investissements spéculatifs dans laquelle elle avait été reléguée en 2011, après l'appel à l'aide internationale du pays.
Frappé par la crise de la dette de la zone euro, le Portugal s'était alors vu accorder une aide financière de 78 milliards d'euros par l'Union européenne et le Fonds monétaire international. En contrepartie, le pays a dû appliquer une sévère cure d'austérité.
"Le ratio de la dette publique du Portugal reste l'un des plus élevés de l'Union européenne", a prévenu vendredi l'agence de notation Moody's.
Autre casse-tête, les banques continuent d'être fragiles, même si l'Etat a volé au secours de plusieurs d'entre elles, comme Banco Espirito Santo en 2014 et la petite banque en difficulté Banif en 2015.
Cette année, c'était au tour de la banque publique Caixa geral de depositos de bénéficier d'une injection de fonds publics, de 3,9 milliards d'euros. Si Bruxelles décide d'imputer ce coût au déficit 2017, un nouveau dérapage des comptes n'est pas exclu.
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