Parmi les 221 personnes jugées au cours de ce procès, la plupart sont des militaires --dont 26 généraux-- et 12 des civils. Deux cents personnes sont actuellement en détention provisoire, 9 comparaissent libres et 12 sont en fuite, a précisé l'agence progouvernementale Anadolu.
Ces personnes sont notamment jugées pour "violation de la constitution", "assassinat de 250 personnes" et "appartenance et direction d'une organisation terroriste" et risquent de multiples condamnations à vie.
Le procès se tient dans la prison de Sincan, près d'Ankara, où une immense salle d'audience a été construite spécialement pour accueillir les procès géants liés au putsch manqué.
Dans la salle, les accusés étaient encadrés par de nombreux gendarmes et militaires. Ils ont, au cours de la matinée, décliné leur identité à tour de rôle.
Dans l'après-midi, l'ancien chef de l'armée de l'air, Akin Öztürk, l'un des accusés les plus en vue du procès, a été le premier à s'exprimer, niant tous les faits qui lui sont reprochés.
"Les commandants qui m'ont formé et mes compagnons d'armes le savent bien, je n'ai pas participé à ce coup d'Etat traître et je n'avais même aucune information à ce propos", a-t-il affirmé depuis la barre des accusés.
Expliquant avoir consacré sa vie à l'armée, il a ajouté que "ces accusations de trahison sont pour moi la plus grande des punitions".
Parmi les autres accusés de premier plan figurent l'ancien général Mehmet Disli, frère d'un député de l'AKP, le parti au pouvoir, ainsi que le colonel Ali Yazici, ancien aide-de-camp militaire du président Recep Tayyip Erdogan.
L'interrogatoire des accusés s'est poursuivi jusqu'en clôture de séance en début de soirée.
'Traîtres'
Au cours de la matinée, le lent énoncé des identités a été interrompu à plusieurs reprises par les cris et les interpellations du public. Quelques dizaines de personnes étaient présentes, certaines femmes brandissant des portraits de leurs proches tués la nuit du 15 juillet.
L'une d'elles, dont le fils a été tué lors du coup d'Etat, a dû être évacuée à deux reprises, ne cessant d'invectiver les accusés en pleurant: "Traîtres!", répétait-elle d'une voix stridente, jusqu'à s'évanouir brièvement et être prise en charge par des urgentistes.
A leur arrivée au tribunal, les accusés ont été hués par des dizaines de manifestants qui scandaient des slogans réclamant la peine de mort. Certains ont lancé en leur direction des cordes nouées.
La peine capitale a été abolie dans le cadre de la candidature turque à l'Union européenne. Mais depuis le putsch manqué, le président turc Recep Tayyip Erdogan a assuré à plusieurs reprises qu'il était disposé à la rétablir, évoquant même un potentiel référendum sur le sujet.
"Nous leur voulons la peine de mort, et pas qu'ils soient logés, nourris, blanchis ici", déclare Cengiz Öztürk, un manifestant qui affirme avoir affronté les putschistes le 15 juillet. "Nous voulons que ces traîtres à la nation soient enterrés dans des cimetières sans drapeaux."
Aux abords du tribunal, de nombreux policiers étaient déployés, ainsi que quelques véhicules blindés, un drone et des snipers.
Bête noire
La tentative de coup d'Etat de la mi-juillet a fait près de 250 morts, sans compter les putschistes, et des milliers de blessés.
Ankara accuse Fethullah Gülen, un prédicateur islamiste installé aux Etats-Unis, d'être le cerveau du putsch manqué, et demande régulièrement à Washington son extradition.
L'intéressé, un ancien allié du président Erdogan devenu sa bête noire, dément tout rôle dans le coup manqué.
Selon l'acte d'accusation, plus de 8.000 militaires ont pris part à la tentative de putsch, au cours de laquelle 35 avions de guerre, 37 hélicoptères, 74 chars, 246 véhicules blindés et près de 4.000 armes légères ont été utilisés par les putschistes, rapporte Anadolu.
Les procédures judiciaires lancées après le putsch avorté sont d'une ampleur sans précédent en Turquie. Plus de 47.000 personnes ont été arrêtées lors de purges engagées après le 15 juillet et l'instauration de l'état d'urgence.
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