Le réchauffement entamé par Barack Obama semble désormais oublié. Depuis le début samedi de son premier déplacement à l'étranger comme président, M. Trump s'est clairement aligné sur l'Arabie saoudite sunnite et sur Israël, les deux principaux rivaux de Téhéran au Moyen-Orient.
A Jérusalem lundi, il s'en est de nouveau pris à l'Iran qui, a-t-il déclaré, "ne doit jamais posséder une arme nucléaire - jamais - et doit cesser le financement, l'entraînement et l'équipement meurtriers de terroristes et de milices".
La veille, il avait déjà appelé "toutes les nations" à "travailler ensemble pour isoler" le régime iranien en attendant qu'il montre "sa volonté d'être un partenaire pour la paix".
"Du Liban à l'Irak en passant par le Yémen, l'Iran finance, arme et entraîne des terroristes, des milices et d'autres groupes terroristes qui répandent la destruction et le chaos à travers la région", a-t-il accusé.
La Maison Blanche a mis en avant la menace iranienne pour justifier les immenses contrats d'armement, d'une valeur de 110 milliards de dollars, signés avec Ryad, qui s'oppose à Téhéran notamment en Syrie et au Yémen.
Le sommet de Ryad a lancé "un message fort à l'Iran", le "premier parrain du terrorisme dans le monde", a estimé le quotidien saoudien Al-Ryad.
Les virulentes critiques de M. Trump rappellent celles du président George W. Bush au début des années 2000 qui avait placé l'Iran dans "l'axe du Mal" avec l'Irak et la Corée du Nord.
Pour Azadeh Kian, politologue à Paris, "on voit qu'un front guerrier se constitue et c'est inquiétant, surtout au lendemain d'une élection qui a vu la victoire de Rohani et a montré qu'il y avait une réelle dynamique en faveur de la démocratisation et de l'ouverture dans la société iranienne".
Cette ouverture au monde a été plébiscitée par une majorité d'Iraniens qui ont réélu vendredi pour quatre ans le président modéré Hassan Rohani.
Ironie
Ce dernier a rétorqué lundi à M. Trump en qualifiant le sommet de Ryad de "show" qui "n'a aucune valeur politique, ni concrète". Il a ensuite ironisé sur les Américains qui "se trompent toujours" au Moyen-Orient. "Si vous connaissez un seul exemple où ils ont agi sans se tromper, dites-le moi", a-t-il dit.
Son ministre des Affaires étrangères, Mohammad Javad Zarif, a également choisi l'ironie: "L'Iran, qui vient de tenir de vraies élections, est attaqué par le président des Etats-Unis dans ce bastion de la démocratie et de la modération" qu'est l'Arabie saoudite.
Et de s'interroger, sarcastique: "S'agit-il de politique étrangère ou de pomper 480 milliards de dollars" au roi Salmane d'Arabie saoudite?
Après sa victoire, M. Rohani avait réaffirmé samedi qu'il souhaitait poursuivre sa politique "d'entente" avec le monde.
Après des années de tension, cette politique avait été entamée pendant son premier mandat par une reprise du dialogue avec les Etats-Unis sur le programme nucléaire iranien.
Ces négociations ont abouti en juillet 2015 à la conclusion d'un accord historique entre Téhéran et six grandes puissances, dont les Etats-Unis.
Il a ainsi permis de réchauffer des relations diplomatiques bilatérales rompues depuis la révolution islamique de 1979.
Mais depuis son arrivée à la Maison Blanche, Donald Trump a fermé la porte à toute nouvelle ouverture envers l'Iran. Cette fermeté est applaudie par l'Arabie saoudite alors que Téhéran et Ryad n'entretiennent plus de relations diplomatiques depuis l'exécution en 2016 d'un leader chiite saoudien.
Le roi Salmane a également été dimanche d'une extrême dureté envers le régime iranien qui "soutient les groupes et les mouvements terroristes comme le (mouvement chiite libanais) Hezbollah, les Houthis (rebelles yéménites), ainsi que (les groupes jihadistes sunnites) Daech (EI) et Al-Qaïda et d'autres".
Le porte-parole du ministère iranien des Affaires étrangères, Bahram Ghassemi, a répliqué lundi: "Malheureusement, avec la politique hostile et offensive des dirigeants américains, on constate de nouveau le renforcement des groupes terroristes dans la région (...) et des dictateurs qui les soutiennent".
L'Iran rappelle régulièrement que l'interprétation et l'application extrêmement rigoriste de l'islam par l'Arabie saoudite est à l'origine de la création des groupes jihadistes qu'il combat.
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