Des enfants jouent à l'extérieur du Nassau Veterans Memorial Coliseum, la salle de Long Island où vient de s'achever l'histoire du cirque qui se faisait appeler "le plus grand spectacle au monde".
En 15 ans d'existence, Angel, le fils du manager général, n'a connu que la route, explique-t-il après avoir fait un selfie devant le fameux logo du cirque, peint sur un camion. "Ca été toute ma vie", dit-il. "C'est triste."
Le public, lui aussi, vit mal cette séparation, et près d'une heure après la fin de la dernière représentation, certains traînent encore dans les couloirs.
Puja Hathi a emmené sa fille de cinq ans et estime qu'il y a encore de la place pour le cirque aux Etats-Unis.
Les enfants "doivent voir ce qu'est le vrai spectacle à l'ancienne, pas uniquement se divertir avec des équipements électroniques", dit-elle.
Mi-janvier, à la surprise générale, la fermeture du cirque a été annoncée pour mai par sa maison mère, Feld Entertainment.
D'après elle, le retrait des éléphants, en mai 2016 sous la pression d'une partie de l'opinion, a entraîné une chute de la fréquentation et l'institution n'est aujourd'hui plus rentable.
Certains doutent de cette explication, alors que les salles sont souvent bien remplies.
"Ca n'a pas été géré de manière correcte", se désole Greg Packer, un quadragénaire dont les premiers souvenirs de Ringling Bros remontent à l'enfance, comme la plupart des spectateurs présents.
"Ils auraient dû laisser la possibilité à quelqu'un de le racheter", dit-il, "plutôt que de pousser les gens dehors. Vous mettez en pièce une communauté".
'Chercher du boulot'
Il reste d'autres cirques aux Etats-Unis, mais "celui-là est le meilleur", plaide Crystal Porvaznik, 30 ans, qui assure l'avoir vu presque tous les ans depuis son plus jeune âge.
"Nous n'aimons pas les petits cirques", dit-elle. "C'est pour ça que nous sommes si tristes que cela s'arrête".
Avec sa scène de plus de 30 mètres de long et 20 de large, son équipe de 300 personnes, son propre train, le cirque qui a inspiré les films "Dumbo" ou "Sous le plus grand chapiteau du monde" est un géant.
"Certains sont là depuis des années, mais d'autres ne sont restés que deux heures", assure Peter Gold, l'assistant du manager général, évoquant plutôt le personnel technique que les artistes. "Ils ont réalisé que c'était trop de pression."
Plus de deux heures de spectacle parfaitement rodé, parfois jusqu'à trois fois par jour, avec clowns, acrobates, trapézistes, motards, cavaliers et dompteurs.
Car si les éléphants ne sont plus de la fête, lions, tigres, mais aussi chevaux, chiens, lamas ou même cochons et kangourou représentent la majorité des numéros.
A l'heure où beaucoup de cirques délaissent les animaux et favorisent la performance athlétique et artistique, à l'image des Québécois du Cirque du soleil, Ringling Bros s'accroche à sa ménagerie.
Une situation dénoncée depuis plus de quinze ans par l'association de protection des animaux PETA (People for the Ethical Treatment of Animals).
Dimanche, le dompteur Alexander Lacey, dont la famille est propriétaire de certains des animaux, a pris le contre-pied devant le public, défendant les conditions de vie de ses fauves et appelant à protéger les animaux.
"J'adorais ça quand j'étais petite, mais aujourd'hui, j'ai pleuré durant tout le numéro avec les tigres", explique Giselle Leonardo. "Ils devraient être libres."
Pour enfoncer le clou, des sympatisants de PETA sont venus manifester dimanche à proximité de la salle. "Victoire!" ont-ils posté sur Twitter pour saluer la fermeture du cirque.
"C'est irrespectueux", estime Crystal Porvaznik. "C'est leur dernier spectacle. Lâchez l'affaire!".
Et malgré les avertissements, malgré les campagnes de sensibilisation, les animaux de cirque continuent à fasciner la plupart des petits et grands dans la salle.
"Les animaux, c'est ce que nous préférons", tranche Nancy Porvaznik, la mère de Crystal.
"Nous nous sentirions quand même mal si nous avions le sentiment qu'ils ne sont pas bien traités", affirme Crystal. "Mais nous pensons qu'ils le sont".
La nuit est tombée sur Long Island. Peter Gold pense à la suite. Cet ancien trapéziste va donner des cours durant l'été. Et après? "Je vais devoir chercher du boulot".
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