Dès la tombée de la nuit, après une journée de travail ou d'étude, les klaxons des voitures retentissent et des centaines d'habitants descendent dans les rues pour crier leur joie à la victoire de Hassan Rohani, annoncée quelques heures plus tôt.
Plus la nuit s'avance, plus la foule grossit, se dirigeant par milliers vers les grandes avenues et les places de l'immense capitale iranienne.
Filles et garçons sont ensemble, tapent dans leurs mains, portent des rubans, des foulards, des bandanas aux couleurs -violet et vert- des modérés et des réformateurs qui soutiennent M. Rohani.
Ils brandissent des drapeaux iraniens, des portraits du président réélu et de l'ex-président réformateur Mohammad Khatami (1997-2005), qui reste très populaire malgré les restrictions dont il est victime de la part du régime.
Ils demandent aussi que des leaders réformateurs assignés à résidence depuis 2011, Mir Hossein Moussavi et Mehdi Karoubi, soient libérés.
Très vite, la longue avenue Vali-Asr de 18 km qui traverse Téhéran du nord au sud est complètement envahie, provoquant d'immenses embouteillages dans une ville déjà saturée de voitures et de motos.
Le bruit des klaxons, mêlé aux cris, aux chants patriotiques et à la musique poussée à fond de sonorisation, s'empare de la ville.
"Nous sommes tellement heureux", hurlent les partisans du président réélu qui, dès le 1er tour vendredi, a terrassé son adversaire conservateur Ebrahim Raissi, un religieux proche du guide suprême Ali Khamenei, par 57% des voix contre 38%.
Après une campagne très dure entre candidats, le soulignement est palpable: des informations laissant penser qu'une victoire de M. Raissi était possible -voire certaine- qu'un second tour aurait lieu, ont circulé jusqu'au dernier moment sur les réseaux sociaux.
'Un mois stressant'
M. Rohani a accusé les conservateurs d'être des "extrémistes" et des "violents". M. Raissi, lui, a reproché aux modérés et réformateurs de n'avoir pensé qu'aux "4% les plus riches du pays".
"Après un mois stressant, nous sommes vraiment soulagés", dit Afshin, 27 ans, qui se tient au côté d'une jeune fille aux cheveux teints en violet.
La volonté d'ouverture au monde du président est appréciée par ces jeunes férus de technologies nouvelles et de tout produit -matériel ou culturel- venant des pays occidentaux.
"Nous voulons être bien traités par le reste du monde et être reconnus comme une nation civilisée", s'exclame Pegah, étudiante de 21 ans.
Les célébrations de la victoire n'ont pas été cantonnées à Téhéran. Elles ont touchées toutes les grandes villes et provinces du pays.
Dans la ville sainte de Machhad (nord-est) où les concerts ont été interdits par l'imam de la prière du vendredi, l'ayatollah ultraconservateur Ahmad Allamolhoda, beau-père d'Ebrahim Raissi, les jeunes hurlent: "Nous n'avons pas quitté la ville, nous l'avons reprise".
"Allez ailleurs" si vous voulez organiser des concerts, avait lancé l'ayatollah Allamolhoda.
Les partisans de Hassan Rohani souhaitent que les changements et les réformes ne s'arrêtent pas dans quatre ans quand il aura fini son deuxième et dernier mandat.
Dans les cortèges de Téhéran, une banderole est claire: "Quand tu partiras Rohani, laisse les clés sous le paillasson pour (Es-Hagh) Jahanguiri", son 1er vice-président réformateur.
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