Après sept années consécutives de ventes record, General Motors, Ford et Fiat-Chrysler (FCA) traversent leur premier trou d'air depuis 2009 et la faillite de GM et FCA. En avril, les ventes de l'ensemble du secteur ont baissé de 4,7% mais le recul est beaucoup plus important depuis le début de l'année, selon le cabinet AutoData.
"Les ventes de voitures ont atteint un plateau", estime Danielle DiMartino Booth, experte chez Money Strong LLC.
Abondant dans le même sens, le cabinet IHS, qui a révisé à la baisse ses prévisions de ventes annuelles, estime que 2017 marquera le premier coup d'arrêt du marché depuis la crise de 2008/2009.
"Les taux d'intérêt bas et des échéances de remboursement plus longues avaient nourri la croissance des ventes lors des dernières années. Mais la remontée des taux rend les prêts auto moins intéressants pour les consommateurs", résume pour sa part Jessica Caldwell chez Edmunds.com.
Pour faire face à la saturation, GM, Ford et Fiat Chrysler, qui ont créé des milliers d'emplois depuis 7 ans afin de répondre à la demande pour les gros 4X4 de loisirs et pickups sur fond de bas prix de l'essence à la pompe, ont annoncé différentes mesures d'économies.
GM, dont les effectifs sont passés de 77.000 en 2010 à 105.000 fin 2016, prévoit de supprimer plus de 4.000 emplois pour s'adapter au plongeon des ventes de "petites" voitures telles la Chevrolet Malibu et la Cadillac CTS.
Ford vient d'annoncer 1.400 suppressions d'emplois, tandis que plus de 6.000 employés des usines de production Fiat-Chrysler de Sterling Heights (Michigan, nord) et Toledo (Ohio) sont depuis quelques mois au chômage technique.
Surcapacités
Cette cure d'austérité générale risque de fragiliser le compromis trouvé en janvier avec Donald Trump, qui a multiplié les critiques contre le secteur automobile, accusé de profiter de l'accord de libre-échange Aléna pour délocaliser les emplois au Mexique à la main d'oeuvre moins coûteuse.
D'autant que l'industrie espère que le nouveau président américain va alléger la législation en matière d'émissions de CO2 et baisser massivement les impôts pour les entreprises.
Vantant jeudi ses projets économiques, M. Trump, élu sur la promesse de relancer les emplois industriels aux Etats-Unis, a pourtant mis en avant les promesses d'embauches des géants de Detroit. "Nous allons avoir de l'expansion", a-t-il déclaré au cours d'une conférence de presse. "Nous en avons déjà. Quand vous regardez Ford et General Motors dans le Michigan et l'Ohio. Vous regardez le nombre phénoménal de (créations d') emplois qui ont été annoncés dans beaucoup de domaines. C'est ce dont je suis fier et c'est ce à quoi nous voulons consacrer nos efforts".
GM, Ford et Fiat Chrysler ont promis en début d'année d'étoffer leurs effectifs sur des sites industriels américains. Le premier s'est engagé à investir un milliard de dollars de plus aux Etats-Unis et d'y créer jusqu'à 1.500 emplois supplémentaires, tandis que le second a annulé la construction d'un site de production de petites voitures au Mexique dont les travaux étaient bien avancés.
Les difficultés des trois groupes, poumons de l'industrie américaine -- 5% des emplois aux Etats-Unis sont liés à l'automobile selon Mme DiMartino Booth--, ont conduit à une chute de leurs actions en Bourse.
Du coup, le spécialiste des véhicules électriques Tesla est devenu le premier groupe automobile américain par capitalisation boursière, devançant GM et Ford dont l'action a perdu environ 40% de sa valeur depuis la nomination il y a trois ans du PDG Mark Fields.
"Vous dites que votre priorité est de générer de la valeur aux actionnaires. Une action perdant 40% de sa valeur depuis que Mark (Fields) a pris les commandes ne semble pas plaider pour cet engagement", a fustigé un actionnaire lors de la dernière AG.
GM est pour sa part sous la pression de l'investisseur activiste David Einhorn, qui demande la création de deux titres en Bourse pour mieux rémunérer les actionnaires.
La baisse de la demande automobile "inquiète les investisseurs et renforce l'idée que des réductions de production sont nécessaires", estime le cabinet RBC, arguant que les capacités sont "trop élevées" face à la situation actuelle du marché.
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