M. Erdogan avait officiellement coupé ses liens avec l'AKP (islamo-conservateur) lorsqu'il a été élu président en août 2014, comme le prévoyait alors la Constitution.
Il a cependant pu réintégrer début mai le parti qu'il a cofondé en 2001, grâce à une première disposition de la réforme constitutionnelle adoptée par référendum le 16 avril.
Lors d'une cérémonie en grande pompe marquant son retour, le président turc s'était alors autorisé à verser quelques larmes: "Je retrouve aujourd'hui mon parti, mon nid, mon amour", s'était-il ému.
Redevenir chef de parti permettra à Recep Tayyip Erdogan de mettre fin aux rivalités internes et de préparer les prochaines élections législatives et présidentielle, prévues le 3 novembre 2019.
Au cours du congrès extraordinaire convoqué dimanche à Ankara, 1.470 délégués de l'AKP sont appelés à élire le nouveau président du parti, précise l'agence progouvernementale Anadolu. Seul candidat, M. Erdogan est certain de remporter ce scrutin.
Près de 60.000 personnes sont attendues à ce congrès, pour lequel 1.500 bus ont été affrétés à travers le pays, selon Anadolu.
Le slogan du congrès -"une nouvelle période de rupture: démocratie, changement, réforme"- laisse présager une restructuration au sein du parti, mais aussi au sein du gouvernement. Le quotidien Hürriyet affirme que 8 à 10 ministres pourraient être concernés par un remaniement.
Pouvoir consolidé
En quittant la tête de l'AKP en 2014, M. Erdogan en avait remis les clés au Premier ministre d'alors Ahmet Davutoglu, puis à son successeur Binali Yildirim en 2016.
Le parti, qui domine depuis 15 ans la scène politique turque, remportant toutes les élections depuis 2002, a annoncé samedi qu'un poste de vice-président sera créé et confié à M. Yildirim.
"En redevenant chef de parti, (M. Erdogan) aura l'autorité formelle pour déterminer qui briguera des mandats sur les listes AKP", explique Aykan Erdemir, de la Fondation pour la Défense de la démocratie basée à Washington, précisant toutefois que M. Erdogan avait gardé ce rôle "officieusement" même après avoir quitté le parti en 2014.
"Tandis qu'il consolide davantage son pouvoir au sein de l'AKP, l'espace minuscule qui subsistait pour des désaccords au sein du parti va disparaître", ajoute M. Erdemir.
Cette mesure permettant au président de la République de rejoindre un parti politique a été décriée par l'opposition qui y voit la fin de l'impartialité du président.
Mais M. Erdogan rétorque à cela que le fondateur de la République, Mustafa Kemal Atatürk, figure encore extrêmement respectée aujourd'hui en Turquie, était lui aussi à la tête de son parti lorsqu'il dirigeait le pays.
Le référendum sur la révision constitutionnelle renforçant les prérogatives du président a été remporté le 16 avril par le camp du oui à 51,41%, un résultat contesté par l'opposition qui dénonce des irrégularités.
Cette révision constitutionnelle, dont la plupart des dispositions entrent en vigueur en 2019, prévoit la suppression de la fonction de Premier ministre au profit d'un hyperprésident qui pourra émettre des décrets et aura une main dans le domaine judiciaire.
Une réforme nécessaire pour assurer la stabilité du pays selon la majorité, mais vivement critiquée par l'opposition qui y voit une dérive autoritaire de M. Erdogan.
"En tant que président et chef de parti, Erdogan tiendra les rênes des députés supposés servir de contrepouvoir à l'exécutif et censés pouvoir déposer le président si nécessaire", affirme M. Erdemir. "En devenant chef de l'AKP, Erdogan veut s'assurer qu'il a suffisamment de loyalistes au parlement pour éviter toute tentative de le destituer".
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