Alignés sur un parking du Versoud, rivalisant de couleurs pimpantes et de chromes étincelants sous le soleil printanier, les combis sont les stars de la journée.
Combi-bar, combi-scène musicale, combi-roulotte, combi-pick up et même un combi-corbillard: on peut tout faire avec ce véhicule phare de la marque allemande, né en 1950, synonyme de liberté et indissociable du mouvement hippy.
"C'est un jouet pour grands enfants. On a des Majorette quand on est gosse et un Combi quand on grandit", rigole Ludwig Pellissier, barman du "Fabulous Combi", qu'il loue pour des événements.
Et l'occasion du jour rassemble une centaine de véhicules venus surtout de la région Rhône-Alpes, mais aussi d'Alsace ou du Lot-et-Garonne pour les plus courageux, partis la veille faute de ne pouvoir dépasser 110 kilomètres/heure sur l'autoroute.
Serial Kombi fête ses 18 ans et son agrandissement: un nouveau hangar de 1.100 mètres carrés pour accueillir environ 6.000 références de pièces détachées... on y trouve tout, jusqu'aux tissus vintage pour les banquettes.
L'aventure commence en 1999 dans la grange de Pascal et Yolaine Amodru. Lui travaillait dans la banque "en costume-cravate", elle était infographiste et ils sillonnaient leurs routes de vacances en Combi.
Lassés d'avoir à commander les pièces détachées aux États-unis ou en Angleterre, le couple décide de monter une entreprise. "Je m'occupais des commandes, Pascal faisait de la restauration", raconte Yolaine, 45 ans.
A l'époque, "les gens ne restauraient pas. Ils achetaient des Combi pour récupérer le moteur et le mettre sur une Coccinelle", autre voiture de légende de VW. "On était à contre-courant", se remémore Pascal.
"Les hippies, c'est fini!"
Le pari s'avère gagnant avec l'engouement grandissant pour les vieux minibus. Les "combi" qui se vendaient 1.000 euros en 1999 sont devenus si convoités que certains Split (ceux avec un pare-brise en deux parties) partent sans souci pour 70.000 euros.
Dans des enchères aux États-unis ou en Allemagne, les prix se sont envolés à 300.000 euros.
"Les baba cool et les hippies, c'est fini! A ces prix là, on a surtout des retraités, avec un certain pouvoir d'achat", explique le dirigeant. "On est passé des beatnik aux bobos", résume Yolaine.
En 2002, l'entreprise change de braquet. Les Amodru s'associent avec un ami d'enfance de Pascal, Jean-Luc Faure, pour monter une SARL et lancent un site internet. Exit les pièces d'occasion, ils se concentrent sur le neuf et proposent aussi les pièces pour Transporter, les séries construites depuis 1980.
Le site propose 8.000 références et est disponible en français, anglais, italien, espagnol et bientôt en allemand après l'embauche d'un jeune ingénieur qui a tout plaqué Outre-Rhin pour venir travailler dans les Alpes.
Serial Kombi compte maintenant 17 salariés, s'enorgueillit de 15% de croissance annuelle depuis sa création et affichait fin 2016 un chiffre d'affaires de 3,3 millions d'euros. Les 4 millions sont en ligne de mire pour cette année, selon M. Amodru.
La clientèle française pèse pour environ 70%. A l'international, Italiens, Espagnols et Suisses viennent en tête mais des commandes arrivent aussi d'Indonésie, d'Argentine ou d'Australie. Sans compter "les histoires atypiques comme ce franco-américain qui s'était fait expédier des pièces en Afghanistan d'où il comptait ramener une camionnette", relate Jean-Luc Faure.
Malgré l'envolée des prix, les passionnés s'enorgueillissent de conserver l'"esprit Combi".
"C'est zen, cool, les copains, les bons apéros, l'esprit camping...", avance Gabrielle Chantegret, dont les deux filles Camille et Michelle, 6 et 8 ans, colorient des... combis VW.
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