Parallèlement, les partisans du chef de l'Etat se rassemblaient dans une autre partie de la capitale, chantant et dansant.
"#Nous sommes des millions à être contre la dictature ; #Plus de dictature !", pouvait-on lire sur des pancartes des antichavistes (du nom du défunt Hugo Chavez, président en 1999-2013) qui se regroupaient sur l'une des principales artères de la ville.
"Pour ce 50e jour de résistance, nous allons organiser la plus grande démonstration de force de cette période", a déclaré Juan Andrés Mejia, un des jeunes députés à la tête des protestataires.
"Je veux que nous vivions en démocratie", a de son côté dit à l'AFP Mariangel, 24 ans, qui explique être aussi présente dans la manifestation pour que ses deux fils puissent manger à leur faim.
"C'est une façon de rappeler au gouvernement qu'après cinquante jours de résistance, des morts et des prisonniers, nous sommes plus nombreux et que nous n'allons pas nous rendre", s'était exclamé vendredi soir devant la foule Freddy Guevara, le vice-président du Parlement, dominé par l'opposition.
Nicolas Maduro recevra pour sa part au Palais présidentiel de Miraflores des membres du personnel du secteur alimentaire qui défileront pour soutenir le projet d'assemblée constituante qu'il a avancé.
Selon le tout dernier bilan du parquet, les incidents qui se produisent désormais quasi quotidiennement à l'occasion des rassemblements dans les rues ont fait 47 morts. La précédente série de défilés contre Nicolas Maduro, entre février et mai 2014, avait fait 43 morts.
Les manifestations dégénèrent la plupart du temps en affrontements avec les forces de l'ordre, pendant lesquels aux projectiles en tous genres et cocktails Molotov répondent les tirs de gaz lacrymogène, de balles en caoutchouc, parfois également à balles réelles, et de canons à eau de la police.
A cela s'ajoutent des pillages et la violence exercée par les "colectivos", des groupes de civils armés par le gouvernement, affirme l'opposition.
Depuis le début des marches contre Nicolas Maduro, on compte des centaines de blessés et quelque 2.200 personnes interpellées, d'après l'ONG Foro Penal.
Selon la même ONG, 161 personnes au moins ont été incarcérées sur ordre des tribunaux militaires.
Soutien de Poutine
Les adversaires de M. Maduro dénoncent une "répression sauvage" du gouvernement socialiste, tandis que le pouvoir accuse l'opposition de "terrorisme" en vue d'un coup d'Etat soutenu par les Etats-Unis.
Le chef de l'opposition vénézuélienne Henrique Capriles, qui a accusé jeudi les autorités de l'empêcher de quitter son pays en lui "retirant" son passeport, a annoncé qu'un de ses avocats avait remis vendredi à New York un rapport sur la crise au Venezuela au Haut commissaire de l'ONU aux droits de l'Homme, Zeid Ra'ad Al Hussein.
M. Capriles, ancien candidat à la présidentielle, qu'il a perdue de peu face à l'actuel chef de l'Etat, devait faire le déplacement aux Etats-Unis.
De son côté, le président russe Vladimir Poutine a souligné au cours d'un entretien téléphonique avec M. Maduro, "le droit du peuple vénézuélien à choisir son destin sans intervention extérieure, face aux forces radicales qui peuvent compter avec le soutien de l'extérieur", selon un communiqué de la diplomatie vénézuélienne.
Au Venezuela, la situation est particulièrement tendue dans l'Etat de Tachira (ouest), à la frontière de la Colombie. Après une série de pillages et d'attaques contre des installations de la police et de l'armée, 2.600 militaires y ont été déployés.
Sept Vénézuéliens sur dix souhaitent le départ du président Maduro, d'après les sondages, une profonde crise économique et sociale attisant la colère populaire. Ce pays pétrolier, ruiné par la chute des cours du brut, est en effet frappé par de graves pénuries d'aliments et de médicaments. L'inflation - 720% cette année, selon le FMI - y est la plus élevée au monde et la criminalité hors de contrôle.
L'opposition veut des élections anticipées et rejette la décision du chef de l'Etat de convoquer une assemblée constituante pour réviser la Constitution de 1999. Elle estime qu'il s'agit d'une manoeuvre en vue de repousser la présidentielle prévue pour fin 2018.
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