Moins d'une semaine après son entrée en fonctions, le chef de l'Etat veut non seulement marquer sa "détermination" à poursuivre l'engagement au Sahel mais aussi l'inscrire dans une coopération renforcée avec l'Allemagne. Il entend encore compléter l'action militaire par une stratégie d'aide au développement, a indiqué son entourage, comme le réclament d'ailleurs des organisations humanitaires.
Il sera accompagné par ses ministres Jean-Yves Le Drian (Europe et Affaires étrangères) et Sylvie Goulard (ministre des Armées), ainsi que par le directeur général de l'Agence française de développement (AFD) Rémy Rioux. 25 journalistes seront également du déplacement, alors qu'une quinzaine de sociétés de journalistes, des directeurs de rédaction et Reporters sans frontières ont protesté jeudi contre l'organisation de sa communication, notamment du choix des journalistes l'accompagnant au Mali.
A son arrivée, il sera accueilli par le président malien Ibrahim Boubacar Keïta, avec qui il aura un entretien sur la lutte contre le terrorisme, le dossier sahélien, le volet politique du dossier et la difficile mise en oeuvre des accords de paix de 2015.
Le nouveau chef des armées compte également s'adresser aux 1.600 soldats déployés sur la base de Gao (nord) dans le cadre de l'opération "Barkhane", et se fera présenter les différentes composantes du dispositif, selon la même source.
L'Elysée a choisi Gao car il s'agit de la plus importante base des forces françaises engagées à l'extérieur.
Davantage que l'ex-président François Hollande (2012-2017), son successeur veut mettre l'accent, selon son entourage, sur la coopération internationale dans la lutte contre le terrorisme, avec les autres pays européens, notamment l'Allemagne, premier contributeur de la Mission des Nations unies au Mali (Minusma).
La France veut "une impulsion franco-allemande pour que l'Europe joue un rôle croissant dans les dossiers de sécurité et de défense, dont ceux de l'Afrique et du Sahel". Une question déjà évoquée lundi avec Angela Merkel.
Sortir du 'purement militaire'
Autre nouvel axe affiché: articuler davantage l'approche militaire avec les politiques de développement, comme le montre la présence du directeur général de l'AFD, a souligné l'entourage du président.
C'est ce que demandent plusieurs organisations humanitaires, pour qui la seule approche militaire ne résoudra pas les violences secouant le Mali.
La politique française en Afrique est trop "purement militaire", et doit "investir dans le secteur de la gouvernance", notamment dans "la lutte contre l'impunité" en "réorientant son aide publique vers la justice", plaide la Fédération internationale des ligues des droits de l'Homme (FIDH), qui dénonce au Mali "un niveau d'insécurité sans précédent".
Même diagnostic pour l'organisation humanitaire Human Rights Watch, qui appelle le président Macron à "exhorter le président du Mali à s'attaquer frontalement aux problèmes qui ont mené à des décennies d'instabilité, notamment une faible gouvernance, une corruption endémique et les abus commis par les forces de l'ordre".
Le nord du Mali était tombé en mars-avril 2012 sous la coupe de groupes jihadistes liés à Al-Qaïda, qui ont été en grande partie chassés par une intervention militaire internationale, lancée en janvier 2013 à l'initiative de la France.
Mais des zones entières échappent encore au contrôle des forces maliennes, françaises et de l'ONU, régulièrement visées par des attaques meurtrières, malgré la signature en mai-juin 2015 d'un accord de paix censé isoler définitivement les jihadistes. Depuis 2015, ces assauts se sont étendus au centre et au sud du pays, où la sécurité se détériore de plus en plus.
Dix-sept militaires français ont été tués au Mali depuis l'intervention Serval en janvier 2013, à laquelle a succédé en août 2014 l'opération Barkhane (4.000 hommes), étendue sur cinq pays du Sahel (Mali, Burkina-Faso, Mauritanie, Niger et Tchad), selon un décompte de l'AFP.
Au Mali, aux 1.600 soldats français s'ajoutent les 12.000 soldats de la Minusma.
En janvier, un attentat-suicide visant des combattants de groupes armés signataires de l'accord de paix avait fait près de 60 morts dans la ville de Gao.
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