Ils ne sont pas des pros de la politique, et ils en sont fiers. "Eux font surtout de la communication", estime Abdelkrim Marchani. À la tête d'un collectif baptisé l'Éveil citoyen, il se présente aux élections législatives sur la 3e circonscription de Seine-Maritime.
Proposer un nouveau modèle
Son pari: redonner à Monsieur et Madame tout le monde le pouvoir d'agir sur leurs élus et la politique en général. Un mouvement répondant selon lui à une vraie aspiration des électeurs. "Nous sommes à la sortie d'une présidentielle hors norme, analyse-t-il. Les repères politiques sont complètement éclatés. Aujourd'hui, soit on se rattache à l'existant, soit on en profite pour réinventer."
Même slogan pour Frédéric Quillet, candidat pour La Relève citoyenne sur la 1er circonscription, avant de se retirer pour "des raisons personnelles". "L'idée est d'avoir des comités citoyens dans les quartiers et de redescendre les projets de loi pour prendre l'avis sur le terrain." Objectif de cette démarche: casser les codes et la logique des partis.
"Aujourd'hui, dès que quelqu'un propose quelque chose d'innovant, on met ça dans la case utopisme ou populisme, poursuit Abdelkrim Marchani C'est exactement ce que l'on a vu avec le revenu universel de Benoît Hamon. Mais ce genre de comportement brise toute alternative, les nouveaux modèles sont complètement étouffés par une pensée unique"
Galères de campagne
Ni l'un ni l'autre de ces candidats n'ont effectué de mandat. Alors, bien sûr, ils n'ont pas les réseaux qu'il faut et doivent se battre pour tout: trouver une salle pour une réunion publique, récolter les fonds nécessaires pour imprimer tracts et affiches… "On n'a pas les codes, résume Abdelkrim Marchani. C'est parfois dur mais on arrive malgré tout à enfoncer les portes."
Pour financer cette campagne, il a mis la main à la poche, tout comme sa colistière, Fanny Monnier, professeur de Lettres dans un lycée. "Chacun est allé voir sa famille, son réseau. L'idée est finalement de se faire financer par les gens qui participent à la campagne." Résultat "le budget est super serré", et c'est bien là l'une des difficultés d'agir sans parti. "On ne connaissait pas non plus toutes les démarches administratives, les délais de dépôts de candidatures… poursuit Abdelkrim Marchani. Heureusement que l'on a des avocats dans le mouvement! On se débrouille, on partage les tâches"
Mélange des genres
Mais c'est aussi ce côté improvisé qui a séduit Jérémy. À 24 ans, ce jeune militant est auparavant passé par le PS et a trouvé chez l'Éveil citoyen un moyen de s'impliquer d'une façon "qui me ressemble plus. On fait bien sûr du classique tractage et porte-à-porte mais tout le monde se retrouve autour de la table le mercredi soir pour proposer des choses différentes: une projection de film, un barbecue… On ne ferait jamais ça dans les autres partis. Au PS, on ne voit jamais les candidats. On vous envoie tracter et vous ne pouvez plus rien dire pendant cinq ans."
Chez ces petits ovnis de la politique, on retrouve aussi bien des novices comme d'anciens militants déçus des partis traditionnels. Frédéric Quillet se dit par exemple "passionné de politique depuis que j'ai 15 ans". Celui qui a fait son apprentissage avec les jeunes socialistes, puis s'est engagé chez les Verts, raconte avoir "vu les élus se professionnaliser. Au début, il y avait un côté presque champêtre, aujourd'hui les députés sortent tous des mêmes écoles, ils sont déjà structurés en partis dans leur tête."
Un mouvement plus large
D'autres, comme Lucille, sa suppléante, sont jeunes, et viennent plutôt du monde associatif. À 26 ans, elle n'a "jamais été encartée mais j'ai milité dans des associations écolos, de défense des droits…" Aujourd'hui, elle explique réaliser que "à un moment, il faut prendre conscience que le changement passe par toi, qu'on ne peut pas être simple spectateur de tout ça."
Partis de leur petite échelle, ces mouvements s'organisent progressivement. L'Éveil citoyen s'est ainsi rapproché du mouvement national initié par Charlotte Marchandise. "Cela a été un nouveau souffle, assure Abdelkrim Marchani. Jusqu'ici, les gens nous demandaient ce que l'on allait faire tous seuls à l'Assemblée. Là, nous avons un vrai espoir de voir quelque chose aboutir, ça ne bouge pas qu'à Rouen… On se dit que c'est possible." Car, il l'assure, ces candidats citoyens ne sont pas là pour jouer les simples troubles fêtes mais bien pour gagner l'élection.
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