Les responsables israéliens ont adopté un profil très bas devant ces informations qui lient le nom de leur pays au scandale, moins d'une semaine avant la venue du président américain attendu lundi.
Mais tous les commentateurs s'interrogeaient sur les conséquences que l'affaire pourrait avoir pour la coopération sécuritaire entre les deux pays et sur les risques qu'elle faisait courir à Israël et à ses activités d'espionnage.
M. Trump et Benjamin Netanyahu se sont parlé par téléphone mardi pendant une vingtaine de minutes, a indiqué un porte-parole du chef du gouvernement israélien. "Le seul sujet de discussion a consisté dans la visite à venir", a-t-il dit.
Selon le Washington Post et d'autres médias, M. Trump a dévoilé la semaine passée à des responsables russes reçus à la Maison Blanche, des informations hautement classifiées et provenant d'un partenaire des Etats-Unis sur un projet de l'organisation jihadiste Etat islamique (EI) de piéger des ordinateurs portables susceptibles d'exploser à bord d'un avion.
M. Trump aurait même nommé la ville en Syrie, en territoire sous contrôle de l'EI, où le partenaire des Etats-Unis aurait détecté la menace, disait le Washington Post. Le partenaire n'aurait pas autorisé le partage de telles informations.
Un responsable de l'administration américaine a confirmé à l'AFP des informations du New York Times selon lesquelles le partenaire en question était Israël, grand allié des Etats-Unis, réputé pour l'efficacité de ses services d'espionnage.
Les responsables israéliens se sont bien gardés de commenter directement.
Le ministre de la Défense Avigdor Lieberman tweetait que "les relations sécuritaires entre Israël et les Etats-Unis, notre plus grand allié, sont profondes, importantes et sans précédent par leur étendue". "Cela continuera à être le cas", a-t-il ajouté.
Le ministre israélien du Renseignement Israël Katz exprimait sa "totale confiance dans la communauté américaine du Renseignement".
'Pas un désastre'
Les commentateurs s'alarmaient au contraire du coup qui serait porté à la confiance mutuelle entre deux pays dont la coopération dans le renseignement passe pour s'être renforcée ces dernières années. Ils évoquaient le danger que des méthodes ou des sources soient compromises et que des informations passent de la Russie à l'Iran ou au Hezbollah libanais, deux ennemis d'Israël.
La Russie, l'Iran et le Hezbollah soutiennent militairement le régime de Bachar al-Assad, avec lequel Israël reste en guerre. Israël s'inquiète que l'Iran et le Hezbollah n'ouvrent une nouvelle ligne de front anti-israélienne en Syrie.
Israël, également préoccupé par le jihadisme, s'intéresse de près à ce qui se passe chez son voisin syrien. Les moyens employés sont secrets. Le groupe Etat islamique avait revendiqué en 2015 l'exécution d'un Arabe israélien accusé d'espionner pour le Mossad, les services secrets israéliens.
Si M. Trump a vraiment porté de telles données à la connaissance des Russes, "cela peut exposer la source et nuire à nos activités", a dit à des journalistes un ancien haut responsable du Mossad, Amnon Sofrin, et le Renseignement israélien doit "dire poliment (aux homologues américains) que ce ne sont pas des façons de faire".
En janvier déjà, avant l'investiture de M. Trump, le quotidien populaire Yedioth Ahronoth rapportait que des membres du renseignement américain avaient conseillé à leurs collègues israéliens de se montrer prudents dans la transmission d'informations à la future administration américaine.
"Il ne fait aucun doute que la confiance israélienne a été ébranlée", dit à l'AFP Dan Shapiro, ambassadeur américain en Israël sous Barack Obama, à présent expert auprès du think-tank Institute for National Security Studies à Tel-Aviv. Il s'attend à ce que l'affaire refroidisse le zèle israélien, "mais la relation est trop importante des deux côtés pour que le partage (d'informations) cesse".
"Je ne pense pas qu'un tel évènement cause de gros dégâts" à la coopération, a abondé l'ex-responsable du Mossad Amnon Sofrin, "cela peut causer des dégâts limités ou locaux, mais pas un désastre".
La visite de M. Trump en Israël a déjà été précédée ces derniers jours par une controverse touchant au statut diplomatique de Jérusalem.
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