Sur l'environnement, "il faut casser les clivages traditionnels", pense celui qui a eu l'oreille des présidents Chirac, Sarkozy et Hollande et désormais de Macron dont il disait récemment : "il faut regarder si la conversion (à l'écologie) est cohérente, sincère, crédible ou pas".
C'est la première fois que l'ex-présentateur de l'émission "Ushuaïa", candidat malheureux à la primaire écologiste de 2012 et maintes fois sollicité, accepte d'entrer dans un gouvernement.
"Dans une logique transpartisane, il est la bonne personne au bon moment", estime Matthieu Orphelin, son ex-bras droit à la Fondation Hulot et candidat de la République en marche pour les législatives.
Pendant la campagne présidentielle, il n'avait soutenu aucun candidat, estimant que son rôle était "plutôt de faire avancer des idées".
"Ce qui le guide, c'est toujours de se demander où il peut être le plus utile", affirme le député européen EELV Pascal Durand, un proche.
Figure de proue de la cause environnementale, Nicolas Hulot était crédité de 10% des voix dans les sondages avant de renoncer en juin 2016 à la course présidentielle.
"Envoyé spécial pour la planète"
L'écologiste au physique de jeune homme et au caractère secret confiait "ne pas être fait pour la politique telle qu'elle se pratique aujourd'hui", "un monde où les violences et les tensions sont énormes". Électron libre - "Mon plus grand trésor, c'est mon indépendance" - il a à l'évidence surmonté sa méfiance vis-à-vis de l'exercice du pouvoir.
"Sa force, c'est d'être le porte-parole de la société civile", estime Matthieu Orphelin en misant sur "sa force de conviction" et "sa liberté".
En janvier 2016, sollicité par François Hollande pour entrer au gouvernement, Hulot avait décliné l'offre, faute d'assurances suffisantes sur l'abandon du projet d'aéroport à Notre-Dame-des-Landes, la renégociation du traité de libre échange avec le Canada (Ceta) et une réforme de la fiscalité. Autant de sujets toujours à l'ordre du jour.
Dans la perspective de la COP21, il avait été pendant trois ans son "envoyé spécial pour la planète", avec un bureau à l'Élysée.
Ce compagnonnage au plus haut sommet de l'État a débuté avec Jacques Chirac, croisé à la fin des années des 90. Au sommet de la Terre de Rio (2002), les deux hommes rencontrent ensemble Nelson Mandela et Hulot devient un visiteur régulier à l'Élysée.
En 2007, il hésite - déjà - à se présenter à la présidentielle avant d'imposer son "Pacte écologique" aux candidats. Nicolas Sarkozy le signe et, aussitôt élu, lance le Grenelle de l'Environnement, une concertation inédite qui débouche sur deux lois importantes.
Lecture et kite-surf
Mais l'abandon du projet de taxe carbone refroidit ses relations entre Hulot et Sarkozy, avant même la déclaration de ce dernier sur l'écologie qui "commence à bien faire".
En 2009, l'échec commercial de son film "Le syndrome du Titanic", critiqué pour son catastrophisme, l'affecte et le plonge dans le doute.
La crise écologique s'aggravant, en 2011, il franchit le pas en se présentant à la primaire des Verts, un parti pas toujours tendre avec lui. Les militants lui préfèrent Eva Joly. Certains lui reprochent d'être financé par de grandes entreprises (L'Oréal, EDF, TF1, etc.) et d'être pro-nucléaire.
L'ex-animateur télé assume "le dialogue avec le monde économique" et le besoin d'avoir "les moyens de se battre" tout en prônant plus clairement, depuis l'accident de Fukushima, une sortie progressive de l'atome.
Comme à chaque déconvenue, le natif de Lille, élevé à Paris, se replie dans sa maison en Bretagne, où il vit avec sa femme et leurs deux garçons.
La lecture et le kite-surf aident le "commandant couche-tôt" à se ressourcer et il ne tarde jamais à reprendre son bâton de pèlerin vert.
Au fil des ans, son discours insiste davantage sur les liens entre écologie et solidarité, à l'image de la campagne lancée en mars avec une centaine d'associations (Emmaüs, etc.) et dont il déplore le peu d'échos dans les médias et chez les politiques.
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