L'engin de portée intermédiaire tiré par le Nord au cours du weekend, appelé Hwasong-12, était d'une portée sans précédent.
Il s'agissait du dixième lancement de missile depuis le début de l'année, après des dizaines de tirs en 2016. Le Nord accélère ses efforts pour mettre au point un missile balistique intercontinental (ICBM) capable d'acheminer une tête nucléaire sur le continent américain.
Le dirigeant nord-coréen "Kim Jong-Un intensifie les essais, comparé à son père et à son grand-père, et cela commence à porter ses fruits", dit à l'AFP Melissa Hanham, de l'Institut Middlebury des études internationales, en Californie. "C'est un signe clair de progrès".
Pyongyang dispose depuis longtemps d'engins pouvant atteindre des cibles en Corée du Sud - les Scud d'une portée de 500 kilomètres - et au Japon (le Rodong de 1.000 à 3.000 kilomètres).
Mais avec une portée estimée à 4.500 km, le Hwasong-12 est susceptible d'atteindre les bases américaines de l'île de Guam, dans le Pacifique.
Le plus important toutefois, c'est que ce nouvel engin pourrait servir de tremplin vers le développement d'un ICBM qui fonctionne. Cela changerait fondamentalement le niveau de menace représenté par le Nord.
"Ce ne sera pas ce missile, mais il pourrait s'agir d'un banc d'essai, d'un essai de technologies et de systèmes qui seront utilisés pour des ICBM", estime John Schilling, expert de l'organisation "38 North", qui dépend de l'université Johns Hopkins à Washington.
'Compacte'
"Le Nord pourrait être plus proche d'un ICBM opérationnel que ce que l'on pensait jusqu'à maintenant".
Certains experts doutent de la capacité du Nord à miniaturiser ses armes nucléaires pour les monter sur un tel missile et rien ne prouve que Pyongyang maîtrise la technologie en vue de l'entrée dans l'atmosphère.
L'agence officielle nord-coréenne KCNA a assuré que le dernier test avait permis de confirmer la maîtrise par le Nord des technologies de guidage et d'entrée dans l'atmosphère. Le Hwasong-12 est "capable de transporter une grande et puissante tête nucléaire", a ajouté l'agence nord-coréenne.
Il est "plausible qu'ils aient fabriqué une tête compacte après cinq essais nucléaires", a estimé Mme Hanham. La terminologie utilisée par KCNA était "intéressante mais plutôt vague".
"C'est difficile de prendre leurs revendications au sérieux sans vérification de la part d'autres gouvernements".
Ce tir survenait quatre jours après la prestation de serment du nouveau président sud-coréen Moon Jae-In, classé plutôt à gauche, favorable à la réconciliation et au dialogue avec Pyongyang dans le but de réfréner ses ardeurs nucléaires.
M. Moon appartenait au dernier gouvernement progressiste de Corée du Sud, qui avait mené voici une dizaine d'année une politique de réconciliation avec le Nord dite du "rayon de soleil". Lors de sa prestation de serment, il s'est dit prêt à se rendre à Pyongyang si les circonstances étaient "réunies".
Constance
Au lieu de quoi, souligne Koo Kab-Woo, de l'Université des études nord-coréennes de Séoul, le tir lui a posé un problème "extrêmement difficile. Dans les circonstances actuelles, il serait très dur" de dialoguer avec le Nord, poursuit-il.
Mais la quasi concomitance du tir et de l'arrivée au pouvoir de M. Moon est une coïncidence. "Tout simplement, ils avancent avec constance vers leur but, obtenir une capacité de dissuasion nucléaire".
M. Moon n'en a pas moins condamné une "provocation irresponsable", ajoutant que la discussion ne serait possible "que si Pyongyang change de comportement".
Selon M. Koo, le Nord "souhaite ardemment parler avec Washington".
M. Trump a lui dit récemment qu'il serait "honoré" de rencontrer Kim Jong-Un, après un échange de rhétorique enflammée de la part des deux pays ces dernières semaines.
La Corée du Nord dit avoir besoin de l'arme nucléaire pour faire face à la menace d'invasion américaine. Et elle ne se montre pas le moins du monde disposée à y renoncer, quelles que pourraient être les concessions proposées, et malgré de multiples sanctions de l'ONU.
Pour Choi Kang, de l'Institut Asan de Séoul, la priorité de Pyongyang c'est de faire jeu égal avec Washington et Pékin avec des armes aussi dévastatrices que les leurs. "Plus on est gros, plus on a l'avantage dans des négociations", dit-il à l'AFP. "Sans quoi, on est méprisé".
A LIRE AUSSI.
Tir de missile: la Corée du nord condamnée à l'unanimité à l'ONU
L'ONU saisie de nouveaux tirs de missiles par Pyongyang
Corée du Nord: l'ONU saisie après de nouveaux tirs de missiles
Pyongyang tire un nouveau missile avant le sommet Xi-Trump
Corée du Sud: le bouclier antimissile américain arrive sur zone
Envie d'afficher votre publicité ?
Contactez-nousEnvie d'afficher votre publicité ?
Contactez-nous
L'espace des commentaires est ouvert aux inscrits.
Connectez-vous ou créez un compte pour pouvoir commenter cet article.