Cinq séries de pourparlers ont déjà été organisées depuis 2016 sur les bords du lac Léman par l'envoyé spécial de l'ONU pour la Syrie, Staffan de Mistura, sans résultat.
En six ans, cette guerre dévastatrice a causé la mort de plus de 320.000 personnes, chassé plus de la moitié des Syriens de leurs foyers et détruit l'économie et les infrastructures de ce pays du Proche-Orient.
Il a également été émaillé d'atrocités: massacres de civils, usage d'armes chimiques... Dernière horreur en date: les Etats-Unis ont accusé lundi le régime syrien du président Bachar al-Assad d'avoir brûlé dans un "crématorium" une partie des milliers de prisonniers assassinés ces dernières années et ont exhorté la Russie à faire pression sur son allié pour qu'il mette fin à ces "meurtres de masse".
Ces allégations relaient un rapport, photos satellites à l'appui, qu'avait publié en février Amnesty International. L'organisation de défense des droits de l'Homme accusait le régime d'avoir pendu 13.000 personnes entre 2011 et 2015 dans cette prison de Saydnaya et dénonçait une "politique d'extermination" constituant des "crimes de guerre et crimes contre l'humanité".
Genève éclipsé par Astana
Les efforts pour mettre fin à la guerre se mènent désormais sur deux circuits concurrents: le processus politique formel se déroule au siège de l'ONU à Genève, tandis que d'autres pourparlers se tiennent depuis janvier à Astana au Kazakhstan, à l'initiative de la Turquie, soutien des rebelles, de la Russie et l'Iran, alliés du régime Assad.
Lors du quatrième round en février, Staffan de Mistura est parvenu pour la première fois à faire accepter par les parties au conflit un agenda avec quatre sujets de discussion: la lutte contre le terrorisme, la gouvernance (terme flou pour évoquer une transition politique), une nouvelle Constitution et la tenue d'élections. Mais depuis, aucune avancée n'a été enregistrée.
L'opposition ne cesse de réclamer le départ du président syrien Bachar al-Assad, ce que Damas refuse.
Les négociations de Genève sont par ailleurs de plus en plus éclipsées par les pourparlers d'Astana, ainsi que par les défaites rebelles à Damas.
'En tandem'
L'ONU cherche aujourd'hui à rester par tous les moyens dans la course, après l'important accord signé à Astana le 4 mai qui prévoit de créer des "zones de désescalade" en Syrie pour limiter l'effusion de sang.
Après cet accord, la réunion de Genève était devenue "urgente", a estimé M. de Mistura devant la presse lundi.
Une "désescalade" ne peut être appliquée "sans un horizon politique", a-t-il affirmé. "Nous travaillons en tandem", a-t-il également dit, évoquant les processus d'Astana et de Genève.
La semaine dernière à Genève, il a indiqué que ce nouveau cycle de pourparlers serait "plutôt court" - quatre jours - afin de "battre le fer tant qu'il est chaud".
La délégation du régime sera conduite, comme depuis le début, par l'ambassadeur syrien aux Nations unies Bachar al-Jaafari.
Celle de l'opposition, représentée par le Haut comité des négociations (HCN) basé à Ryad, sera menée par Nasr al-Hariri et Mohammad Sabra.
Comme les délégations syriennes ne se parlent pas directement, M. De Mistura continuera de faire l'intermédiaire entre les parties.
Il ne s'est pas alarmé après les affirmations du président syrien Bachar al-Assad, qui a dénigré les prochaines négociations de Genève en soulignant "qu'il s'agit principalement d'une rencontre pour les médias".
Pourquoi le président syrien enverrait-il une délégation de "15 à 18 personnes" à Genève s'il n'était pas "intéressé et potentiellement impliqué dans le processus politique", a demandé le diplomate lundi.
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