L'opération, nommée "grand sit-in contre la dictature", a mobilisé pendant une douzaine d'heures des manifestants dans une cinquantaine de points stratégiques du pays.
Un jeune de 18 ans est décédé "lors d'une manifestation" dans la ville de Palmira (ouest), a annoncé le parquet via Twitter.
Par ailleurs, deux policiers ont été blessés par des tirs à Valencia (nord). Un manifestant a été touché par un tir dans la ville de Colon (ouest), un autre à Barinas (ouest), et d'autres ont été atteints par des balles en caoutchouc lors d'affrontements avec les forces de l'ordre dans plusieurs municipalités. 79 personnes ont été arrêtées à travers le pays, a décompté l'ONG Foro Penal.
Selon la presse locale, un incendie s'est déclaré au siège de la police de Palmira après la mort du jeune manifestant.
Le feu a aussi été mis à un bâtiment de la compagnie publique d'électricité à Carabobo (nord).
Le président socialiste Nicolas Maduro est confronté depuis le 1er avril à une vague de manifestations hostiles et de violences qui ont déjà fait 39 morts et des centaines de blessés. Au moins 155 civils ont été emprisonnés sur ordre de tribunaux militaires, a dénoncé Foro Penal.
A Caracas, les manifestants s'étaient équipés en vivres et en eau pour la journée et ont joué aux cartes, chanté, lu, assis ou allongés sur le bitume de la principale autoroute d'accès à la capitale.
Des groupes de manifestants cagoulés avaient disposé des barricades sur la voie.
L'objectif était de "rendre ingouvernable" le Venezuela, déjà secoué par une profonde crise politique depuis des mois, qui s'ajoute au marasme économique de ce pays pétrolier ruiné par la chute des cours du brut, a expliqué aux journalistes Freddy Guevara, vice-président du Parlement contrôlé depuis fin 2015 par l'opposition.
"Il n'y a pas de liberté, ils nous répriment, il n'y a pas de nourriture, ou quand il y en a, c'est extrêmement cher", se lamentait Miguel Martinez, un enseignant qui a participé au sit-in, évoquant l'inflation galopante et les graves pénuries d'aliments et de médicaments liées aux difficultés économiques.
'Tout fout le camp'
"Mon père est décédé faute de médicaments (...) Ici, on te tue pour un portable. Tout fout le camp", a témoigné Katty Biagioni, psychopédagogue de 43 ans.
L'opposition exige des élections générales anticipées et rejette la décision du chef de l'Etat de convoquer une assemblée constituante pour réformer le texte suprême datant de 1999, estimant qu'il s'agit d'une manoeuvre pour repousser le scrutin présidentiel prévu fin 2018 et s'accrocher au pouvoir.
Nicolas Maduro s'en est défendu ce week-end: "En 2018, qu'il pleuve, qu'il y ait du tonnerre ou des éclairs, au Venezuela il y aura une élection présidentielle", a-t-il affirmé.
Plusieurs échéances électorales sont déjà attendues, comme celle des gouverneurs régionaux, qui aurait dû avoir lieu en 2016 mais a été reportée sine die. Cette année, le pays doit organiser en outre des élections municipales.
Le ras-le-bol populaire pourrait jouer en faveur de l'opposition à chacune de ces élections, alors que 70 à 80% des habitants désapprouvent la gestion du chef de l'Etat, selon divers sondages.
Le président assure que réformer la Constitution est l'unique chemin vers la paix, mais ses adversaires y voient le moyen de façonner un texte à sa mesure.
Imagination
L'opposition redouble d'imagination chaque jour pour maintenir la pression dans les rues, où les manifestations sont quasi quotidiennes.
Elle dénonce la "répression sauvage" des militaires et policiers, avec des gaz lacrymogènes et des véhicules blindés pour repousser les manifestants à chaque fois qu'ils tentent d'accéder au centre de la capitale, considéré comme un bastion chaviste (du nom du défunt ex-président Hugo Chavez, 1999-2013).
Le président Maduro, qui bénéficie de la "loyauté inconditionnelle" de l'armée, acteur crucial au Venezuela, accuse ses adversaires de mener une "insurrection armée" pour favoriser un coup d'Etat avec le soutien logistique et financier des Etats-Unis.
Dimanche, l'opposition a justement appelé l'armée au dialogue pour trouver une "solution pacifique" à cette crise.
De son côté, Washington a fermement nié financer toute action violente, exprimant à plusieurs reprises son inquiétude quant à la situation du pays sud-américain, comme l'ont également fait l'ONU, l'Union européenne et l'Organisation des Etats américains (OEA). Cette dernière a prévu une réunion au niveau ministériel le 31 mai à Washington pour parler de la crise vénézuélienne.
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