Un premier bilan fait aussi état d'une vingtaine de blessés, dont six par balle, depuis ce nouveau mouvement de grogne de 100 à 300 soldats, qui fait suite à une précédente mutinerie en janvier.
L'homme, gravement blessé par balle samedi à Bouaké, est décédé dimanche au Centre hospitalier universitaire, a annoncé sa famille.
"Issouf Diawara (...) est finalement mort des suites de ses blessures par balle. Je suis un homme effondré. Sachez que je suis seul aujourd'hui après la mort de mon grand frère", a affirmé à l'AFP son jeune frère Souleymane Diawara.
La victime avait été atteinte d'une balle par des soldats mutinés qui s'étaient rendus au siège d'anciens rebelles non intégrés dans l'armée, appelés les "démobilisés", qui avaient aux mêmes réclamé des primes lundi, selon des témoignages.
"Une opération militaire est en cours pour rétablir l'ordre" contre "certains militaires récalcitrants qui continuent de désobéir" a déclaré le chef d'état-major des armées ivoiriennes, le général Sékou Touré, dans une déclaration, transmise à l'AFP.
Le patron de l'armée a déploré "l'usage d'armes à feu contre les populations civiles excédées par leurs (les mutins) agissements, des pillages et rackets systématiques...", soulignant des "actes d'une extrême gravité, contraires à la mission de protection assignée aux forces armées".
Les mutins, qui demandent le versement de reliquats de primes, tiraient dimanche en l'air à Bouaké, pour empêcher la population de sortir de chez elle. Ils patrouillaient dans les quartiers, passant parfois à tabac des habitants, selon des témoins.
Une femme et cinq hommes ont été atteints par des tirs dimanche et étaient soignés au CHU, a constaté un journaliste de l'AFP.
Une quinzaine d'autres personnes, molestées, ont été légèrement blessées et admises à l'hôpital.
Samedi, des mutins impliqués dans ce mouvement avaient tiré sur deux personnes, à Bouaké et à Korhogo, les blessant gravement.
Dimanche, les mutins ont notamment pris position autour du rond-point de la préfecture de police dans le centre-ville de Bouaké, et ont tiré en l'air pour empêcher la tenue d'un rassemblement de protestation contre leurs actions, a constaté l'AFP.
"Les tirs continuent. Les mutins empêchent les gens de sortir", a confié un habitant sous couvert d'anonymat.
Les mutins ont en outre attaqué le siège du Rassemblement des Républicains (RDR, parti du président ivoirien Alassane Ouattara).
"Tous ceux qui étaient présents ont été copieusement tabassés. Il y a eu de nombreux blessés", a déclaré à l'AFP un responsable du parti, Moriba Touré.
"Ils (les mutins) s'attaquent désormais à tout ce qui ressemble de près ou de loin au parti. Nous évitons même de porter des habits à l'effigie du président", a confié Salif Koné, un militant du parti.
A Korhogo (nord), quatrième ville du pays, une situation similaire prévalait. Des habitants ont tenté de manifester mais ont été dispersés par les mutins qui ont tiré en l'air et frappé plusieurs personnes blessant au moins l'une d'entre elles, a constaté un journaliste de l'AFP.
- "L'argent, c'est tout!" -
Dimanche soir à Bouaké, les mutins contrôlaient toujours les corridors Nord et Sud situés sur le principal axe routier du pays qui relie la capitale économique Abidjan au nord et au Burkina Faso..
"On veut l'argent, c'est tout! Il n'y pas à discuter", criait un des mutins après avoir tiré une rafale de kalachnikov en l'air, a constaté l'AFP.
Les mutins ont toutefois libéré ce point névralgique qu'ils bloquaient depuis vendredi, laissant passer des camions au compte-goutte.
Sur des kilomètres sur les bas-côtés de la Nationale plus de 500 poids-lourds devant aller à Bouaké, ou simplement la traverser, attendaient leur tour pour passer.
Une large partie de ces rebelles - qui ont soutenu le président Alassane Ouattara lors de la crise de 2010-2011 contre l'ex-président Laurent Gbagbo qui refusait de reconnaître sa défaite électorale -, a ensuite été intégrée à l'armée. C'est ce contingent de 8.400 hommes qui a lancé la mutinerie de janvier.
Les mutins qui ont lancé ce nouveau mouvement de grogne réclament les reliquats des primes promises par le gouvernement après ces mutineries de janvier qui ont ébranlé le pays.
A l'époque, ils avaient réclamé 12 millions de francs CFA de primes (18.000 euros) pour chacun d'eux (des sommes importantes pour le pays), et obtenu le versement dès janvier de 5 millions (7.500 euros). On leur avait promis les 7 millions restants par tranche à partir de ce mois de mai.
Jeudi, un représentant de soldats avait annoncé renoncer aux revendications financières, lors d'une cérémonie en présence du président Ouattara et d'autres soldats, qui se voulait visiblement un point final à la protestation des forces de sécurité.
Mais cette cérémonie a finalement déclenché un nouveau mouvement d'humeur, dans ce pays d'Afrique de l'Ouest durement touché par l'effondrement des cours du cacao, vital pour son économie et dont il est le premier producteur mondial.
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