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Six blessés à Bouaké, deuxième ville de Côte d'Ivoire contrôlée par des mutins

Six personnes ont été blessées par balles dimanche à Bouaké, deuxième ville du pays toujours contrôlée par des soldats mutins qui ont lancé vendredi un nouveau mouvement de grogne en Côte d'Ivoire.

Six blessés à Bouaké, deuxième ville de Côte d'Ivoire contrôlée par des mutins
Des soldats rebelles, le 12 mai 2017 autour du camp militaire Gallieni situé au centre d'Abidjan - ISSOUF SANOGO [AFP]

Les mutins tiraient dimanche en l'air à Bouaké pour empêcher la population de sortir de chez elle.

Une femme, mère de trois enfants, et cinq hommes ont été atteints par des tirs dimanche et étaient soignés au CHU de Bouaké, a constaté un journaliste de l'AFP.

Samedi, des mutins impliqués dans ce mouvement avaient tiré sur deux personnes, à Bouaké (centre) et à Korhogo (nord), les blessant gravement.

Dimanche, les mutins ont notamment pris position autour du rond-point de la préfecture de police dans le centre-ville de Bouaké, et ont tiré en l'air pour empêcher la tenue d'un rassemblement de protestation contre leurs actions, a constaté l'AFP.

Des habitants, qui s'étaient réunis samedi, avaient en effet décidé de manifester ce dimanche pour démontrer leur opposition aux mutins.

"Les tirs continuent. Les mutins empêchent les gens de sortir pour manifester", a confié un habitant sous couvert de l'anonymat.

"Les tirs sont trop nourris ce matin, il est pratiquement impossible de sortir pour se rendre à la messe. Je prierai avec ma famille à la maison", a de son côté indiqué à l'AFP un autre résident, Jean Yves Kobena.

Les mutins contrôlaient toujours les quatre entrées de la ville et notamment les "corridors" Nord et Sud situés sur le principal axe routier du pays qui relie la capitale économique Abidjan au nord du pays.

La circulation sur cet axe routier stratégique était difficile dimanche: après avoir bloqué la circulation samedi, les mutins rançonnaient dimanche tous les véhicules circulant à travers ces corridors.

Reliquats de primes

La veille, des négociations avec le commandement militaire de Bouaké ont échoué. "Qu'ils nous envoient ce qu'ils veulent. On est prêts", avait lancé samedi à l'AFP un des mutins, assurant qu'ils étaient "prêts à en découdre" avec l'armée loyaliste si elle intervenait.

Vendredi, un important dispositif loyaliste (Garde Républicaine, police et gendarmerie) avait été déployé à Abidjan, obligeant les mutins d'Abidjan à se retrancher.

Mais aucun mouvement d'ampleur de militaires loyalistes n'a été détecté aux abords de Bouaké dimanche.

"La situation est plus compliquée à Bouaké. N'oubliez pas qu'elle fut la capitale de la rébellion" à partir de 2002, a commenté samedi Yao Kobena, enseignant à Bouaké.

Une large partie de ces rebelles - qui ont soutenu le président Alassane Ouattara lors de la crise de 2010-2011 contre l'ex-président Laurent Gbagbo qui refusait de reconnaître sa défaite électorale -, a ensuite été intégrée à l'armée. C'est ce contingent de 8.400 hommes qui a lancé la mutinerie de janvier.

Les mutins réclament les reliquats des primes promises par le gouvernement après ces mutineries de janvier qui ont ébranlé le pays.

Les mutins avaient réclamé 12 millions de francs CFA de primes (18.000 euros) pour chacun d'eux (des sommes importantes pour le pays), et obtenu le versement dès janvier de 5 millions (7.500 euros). On leur avait promis les 7 millions restants par tranche à partir de ce mois de mai.

Jeudi, un représentant de soldats avait pourtant annoncé renoncer aux revendications financières, lors d'une cérémonie en présence du président Ouattara et d'autres soldats.

Cette cérémonie se voulait visiblement un point final à la protestation des forces de sécurité, mais a finalement déclenché un nouveau mouvement de grogne depuis vendredi, alors que ce pays d'Afrique de l'Ouest est durement touché par l'effondrement des cours du cacao, vital pour son économie et dont il est le premier producteur mondial.

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